
Une trêve agit un peu comme un pansement : elle couvre la blessure et cache aux regards le mystère de la guérison.
Mais la blessure, dans son impatience, finit par démanger. Tout étonnés de l'inutilité soudaine d'une haine qui se voulait tenace, les protagonistes voient ressurgir le désir de se battre, et celui-ci devient parfois aussi pressant que le besoin de faire cesser une démangeaison inopportune, alors on se gratte... ou l'on repart en guerre.
Israël et le Hezbollah souffrent tous deux d'une vilaine maladie de peau - une peau de chagrin cela va sans dire - à moins que ce soit une malédiction (fréquentes panacées dans la région) qui les pousse à tenter de faire rouler indéfiniment, mais surtout inutilement, le rocher de Sysiphe de l'improbable paix tout en haut de la montagne (ce dernier leur retombant à chaque fois dessus, comme de raison).
La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, comme toutes les résolutions précédentes relatives au Liban (en particulier les résolutions 425 et 426 (1978), 520 (1982), 1559 (2004), 1655 (2006) et 1680 (2006), vient elle-aussi d'exposer à la face du monde l'étendue... de ses limites. Il est dorénavant clair que l'imposition d'une loi extrinsèque est inutile : personne n'en tient compte.
Israël et le Hezbollah ne veulent pas de la paix.
On oublie que c'est le Liban qui a la responsablilité d'empêcher le Hezbollah de se réarmer, pas Israël. Mais cette évidence n'en semble pas une à ses yeux, aveuglé sans doute par la passivité du premier concerné, l'apparente légitimité de ses revendications territoriales mais également par la pression tentaculaire de la stratégie américaine.
Non, Israël et le Hezbollah ne veulent pas de la paix.
Leur histoire commune prenant source dans la rivalité entre Ismaël et Isaac, tous deux fils d'Abraham, semble ne jamais devoir atteindre l'épilogue qui soulagerait le reste de l'humanité : un amour fraternel durable et sincère.