mardi, août 15, 2006

Proche-Orient : quand l'ami de mon ennemi est aussi mon ami..


Par Marie J. Girard /APIF - Actupol

L'Histoire a démontré que les querelles fratricides au Proche-Orient ne se règlent pas avec la guerre, ni même avec la diplomatie. Elle s'interrompent. Mais elles ne se règlent pas, point. Car il s'agit bien de cela : une rivalité entre des frères ennemis qui n'ont jamais su et ne savent pas davantage aujourd'hui vivre ensemble.

Malheureusement, pendant cette guerre éclair les protagonistes en sont restés à la collection des allégeances.

Le Liban avait maladroitement choisi ses joueurs : un Hezbollah plus ou moins légitime - bien que parti élu - manifestement censé faire office de chien de garde au sud du Litani et protéger la frontière des prétentions israéliennes, associé à la Syrie et à l’Iran fantômes, voisins ombrageux et magasins d’armes en tous genres.

Un gouvernement ne perd le contrôle d'une partie de son pays que parce qu'il le veut bien. Mais de cela le Liban n’a pas pipé mot : peut-on en effet avouer que l’on mange à tous les râteliers?

Pour le Liban, dont la démocratie chancelante peinait à générer un consensus, l’idée du « pitbull » n’était pas mauvaise, mais pour l’Occident c’était une idée impensable et elle a eu les ratés que l’on sait.

Israël, quant à lui, avait ses buteurs : les États-Unis et la Grande-Bretagne, mais ils n’ont servi à rien et sont demeurés sur le banc. Parce que c’était la stratégie. Parce que ce n’était pas le moment.

Qui a gagné, qui a perdu ? Personne ne le sait. Mais ce n’est pas l’Iran et encore moins la Syrie, car on ne gagne pas une guerre par la porte de derrière. Et ce n’est pas Nasrallah non plus, car on ne gagne pas une guerre en se réfugiant dans une ambassade.

Paradoxalement, le Liban, en acceptant une force internationale proposée par les États-Unis et la France et en désavouant officieusement le Hezbollah, qui avait créé un « État dans l'État », est devenu l’allié des son ennemi, Israël. On retourne vite sa chemise, dans ce coin-là.

Farce risible et pathétique qui a détruit une partie d’un pays, tué des familles innocentes, fait des milliers de réfugiés qui doivent dorénavant prendre le chemin du retour vers le néant et laissé une fois de plus la communauté internationale avec un goût dans cendre dans la bouche.

mjg/ girardmj@journalist.com