lundi, septembre 25, 2006

TROIS PETITES NOUVELLES EN PASSANT

Par Marie-josée Girard
publié à Montréal /AAPI

CE PAPE ME DONNE LE TOURNIS

Il y a certaines choses que je n'aime pas : je n'aime pas que l'on se rétracte et affiche le profil bas pour plaire à la majorité ou calmer les esprits; je n'aime pas les compromis qui ressemblent à s'y méprendre à de l'hypocrisie et que l'on sert nappés d'une faible sauce diplomatique ; je n'aime pas le manque de grandeur et l'esprit qui ne sait ni épouser dans un vaste embrassement les causes et les raisons, ni comprendre et accueillir. La grandeur est rare de nos jours, c'est ce qui la rend si précieuse.

Le pape Benoît XVI n'en finit plus de revenir sur ses déclarations, de les contourner, d'en faire autre chose que ce qu'elles étaient â l'origine : une malhabile provocation. Mais lorsqu'il parle de respect des autres religions et de collaboration interreligieuse, je ne vois là qu'un moyen de plus de tenter d'entrer dans les bonnes grâces de ceux qui ont été offensés.

Il a fait l'amalgame entre terrorisme et Islam et a manqué de vision, de là à dire que Benoît XVI manque de cette grandeur indispensable à la charge pontificale, il n'y a qu'un pas.

BYE BYE OUSSAMA !


Le diable en personne (pour certains) serait mort. Cette nouvelle n'est pas jeune, jeune. La sagesse populaire ne s'émeuvra pas de l'annonce de la disparition du chef d'Al Qaïda, "nouvelle" qui traîne depuis deux ans déjà alors que seuls des spécimens de sa voix ont franchi les montagnes et les ravins afghans pour nous parvenir. Vrais ou non, ces enregistrements ont toujours semé le doute chez le commun qui sait, lui, ce que les grands peinent à découvrir : les hommes morts font souvent davantage parler d'eux que les vivants...

SÉGOLÈNE NE PASSERA PAS


Que l'on instrumentalise ou non la très jolie et médiatique socialiste française n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui devrait nous déranger, c'est qu'elle-même ne semble pas s'en rendre compte : oui elle est engagée, oui elle est convaincue, oui elle plaît encore aux électeurs (moins aux électrices). Mais malheureusement pour la France, encore éminemment machiste, malgré une Alliot-Marie qui a la crédibilité de l'élégance froide et contenue, il n'en reste pas moins que Ségolène est une femme, et que ce n'est pas demain la veille du jour où une femme deviendra présidente de la République française, point.

mercredi, septembre 20, 2006

Les propos du pape : pas de fumée sans feu...

Par Marie-Josée Girard
publié à Montréal /AAPI


Les paroles du pape ne lui ont pas malencontreusement échappé (il aurait eu au moins l'excuse de l'absence passagère). Mais peut-on comprendre le raisonnement qui l'incite à s'excuser après coup de leur effet pervers?

Comme tout un chacun sait, les mots vivent d'une vie indépendante qui échappe au contrôle de leur émetteur du moment qu'elles franchissent le lieu humide et inconfortable où la langue et la bouche se disputent la suprématie des fonctions.
Le Pape est désolé (excuses entendues, TF1 - Monde) d'avoir mêlé amour et haine, d'avoir proposé une vision dychotomique du catholicisme dans lequel l'on peut à loisir attaquer et se défendre, aimer et juger, proposer insidieusement et se rétracter. Ses paroles ne reflétaient pas sa pensée a-t-il dit. Mais de qui reflétaient-elles la pensée exactement? Ainsi, mues par quelque mauvais démon campant en déséquilibre sur son épaule et à l'affût des incohérences papales, elles se sont propagées à l'encontre de sa volonté et de sa raison, comme de raison...
Il est cependant vivement attristé que ses auditeurs aient eu l'intelligence de relever ce que lui n'a pas su contenir ou prévoir. Franchement, je suis consternée. Peut-on donner foi à une église qui ne voit pas la gravité de ses propres maladies et fait preuve d'une mauvaise foi manifeste?
Non, il n'y a pas de fumée sans feu...

samedi, septembre 16, 2006

La Première tentation du Pape

Par Marie-Josée Girard
publié à Montréal /AAPI


Toute vérité est comparable à un champ de mines : se laisse-t-on prendre à ses foudroyants attraits qu'elle transforme notre langue en une épée impitoyable, prête à frapper à tout moment. C'est la même épée de Damoclès qui plane aujourd'hui, incertaine, au-dessus de la tête de pape. Que doit-on dire et que doit-on taire, c'est là toute l'essence de la diplomatie, ou de la....charité chrétienne.

Le Prophète de l'Islam et les Croisés ont-il usé de violence pour défendre et étendre leur foi? Oui, bien sûr (Mahomet, prophète et chef militaire, Wikipédia - Croisades). Le pape avait-il le droit, sur la base de cette réalité, d'émettre des idées susceptibles d'engendrer la haine? Non (propos du pape, La Tribune de Genève). Peut-on accuser un pape d'incitation à la haine? Probablement pas.
Parce que le pape est à la tête de plus d'un milliard de fidèles et qu'il a la réputation, sinon le privilège (dorénavant surfaits, je le crains) d'être infaillible, de nombreux Catholiques s'abstiendront de porter un jugement. Pourtant, la vérité que Benoît XVI représente en la personne du Christ ( qui a dit "Je suis la Vérité et la Vie") s'étale aujourd'hui aux yeux de tous, puisque "rien ne doit demeurer caché". Le pape a manifestement manqué à la charité chrétienne la plus élémentaire en omettant de respecter les prescriptions de la Bible sur l'amour du prochain (1 Corinthiens 13.4-7) qui édicte que :
" La charité (...) ne cherche pas son intérêt ; ne s'irrite pas ; ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout ".
Le pape lui-même serait-il au-dessus de la mystique que son église professe et ordonne à ses ouailles? Parce que ce que l'on croit nous porte et nous transporte ; parce que ce que l'on croit nous fait vivre et nous édifie, on pense souvent devoir, dans un souci de cohérence légitime, étaler notre vérité au grand jour. Mais ce n'est souvent, en définitive, qu'une forme poussée et insidieuse d'égocentrisme qui conduit à l'exclusion. J'ose espérer que Benoît XVI n'est pas tombé dans ce cas de figure.

Dans un article récent publié sur le site eucharistiemisericor.free.fr, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, prenant la défense de Benoît XVI, a indiqué que les médias avaient selon lui instrumentalisé les propos du pape selon lesquels celui-ci, en liant l'essence véritable de la religion à la raison, excluait l'Islam, qui ne serait en définitive (note de l'auteur) qu'une religion de « barbares ».

Cette soudaine et surprenante apologie de la raison ne cadre toutefois pas avec la réalité fondamentale du christianisme qui se veut la religion de l'amour. D'ailleurs, depuis quand Dieu est-il raisonnable? Lui qui habille des fleurs magnifiques qui ne durent qu'un seul jour.

Il est vrai que le Coran contient certains versets pouvant susciter la polémique (entre autres : La Vache, versets 190-193) et qui sont indéniablement utilisés hors de leur contexte historique par la mouvance extrémiste. Ce qui est étonnant, c'est que Benoît XVI n'ait pas eu la diligence de faire la différence à Ratisbonne.
Je n'ai pas vraiment de doute quant à l'intelligence du saint locataire du Vatican ; je m'interroge plutôt sur l'objectif diplomatique visé par le petit État situé au coeur de Rome : établir une assise politique diamétralement opposée à celle de Jean-Paul II - qui avait favorisé le dialogue interreligieux - et relancer ainsi le positionnement stratégique dorénavant fondamentaliste du catholicisme sur la scène mondiale, ou simplement tenter de précipiter le monde ... dans le chaos, c'est selon.

girardmj@journalist.com

mardi, septembre 12, 2006

Iran-Irak : la sombre alliance qu'il faut craindre


Éditorial par Marie J. Girard / Montréal
publié le 12 septembre 2006 AAPI


Le gouvernement irakien, qui n'a jamais juré fidélité éternelle aux USA, a-t-il finalement décidé de retourner sa chemise en s'alliant à son ennemi de toujours?

Les Irakiens et les Iraniens ne sont pas bêtes, c'est le moins qu'on puisse dire.

Alors que les États-Unis tentent plus ou moins discrètement (sic) de diviser le monde musulman, l'Iran et l'Irak, ces deux imposants voisins, ennemis à la ville - querelle idéologique oblige - ont décidé de s'allier dans le domaine le plus sensible qui soit : le pétrole.

Comme chacun sait, ce n'est malheureusement pas l'amour qui unit les peuples mais le mélange, sinon hautement improbable, de vagues intérêts communs. Fiers de cette constatation qui vient sans doute de leur sauter aux yeux, les deux protagonistes chiites et sunnites, ont décidé de surseoir à leur inimité afin d'exploiter ensemble des champs pétrolifères situés de part et d'autre de leurs frontières.

Cette alliance redoutable était peu envisageable il y seulement quelques semaines (quoiqu'elle le fut dans les années 70 ) et la simple mention de cette possibilité aurait sans doute parue risible et incongrue aux pontes de Washington benoîtement assis sur la certitude de la légitimité de leurs actions dans la région.

L'Iran et l'Irak ont-ils compris la stratégie américaine du "diviser pour régner" et planifié de la contrer de la manière la plus intelligente qui soit? Cela ne fait aucun doute.

Je ne dirais pas qu'il faut du courage pour s'allier à son ancien ennemi, car dans ce cas de figure, il s'agirait davantage d'une alliance stratégique à laquelle ils n'ont dû consentir qu'avec beaucoup de réticences. Le résultat, pourtant, peut être dévastateur pour l'Occident : une séparation manifeste du monde en deux clans biens définis visant chacun le monopole mondial du marché du pétrole et collectant les alliances leur permettant d'atteindre leurs objectifs.

Malheureusement, les États-Unis n'avaient probablement pas prévu cette détestable éventualité.

Pourtant, l'Iran, qui a manifesté son intention d'établir de manière indépendante sa bourse du pétrole en Euro, avait ainsi donné quelques indices. Et l'on se demande maintenant si ses tergiversations concernant le dossier nucléaire ne visaient pas justement la création d'une diversion permettant l'établissement de ce sombre partenariat.

Comment vont réagir les USA? Une petite invasion avec ça ...




lundi, septembre 04, 2006

Une humanité qui ... s'ennuie

Éditorial par Marie J. Girard /AGPI montréal
publié le 4 septembre 2006

L'humanité tout entière se comporte parfois comme si elle était emprisonnée sur sa petite planète et fomentait sans s'en rendre compte (inconscience collective oblige) - et sans doute par désoeuvrement - une évasion spectaculaire et définitive.

Blague à part, nous agissons collectivement comme si la vie était ennuyeuse et que nous devions absolument trouver "quelque chose à faire", un nouveau sujet de conversation ou de préoccupation.

Après des semaines de canicule qui ont durement échauffé et éprouvé les esprits, certains tenants d'un activisme tous azimuts n'ont rien trouvé de mieux pour meubler un été particulièrement exempt d'appâts médiatiques (mis à part le coup de boule de Zidane qui s'enfonce toutefois inéluctablement dans le trou noir des "vieilles" infos) que de catapulter notre monde dans ce qui semblait être les prémisses de la troisième guerre mondiale.

Mais ne nous leurrons pas ; il ne s'agissait pas de la troisième mais plutôt de ...millième. Car chaque agression, chaque bataille, chaque souffrance, chaque disparition, chaque mort nous touche, nous éprouve individuellement et blesse le coeur même de notre humanité.

La guerre tient lieu de bilan : " voilà où nous en sommes " semble-t-elle nous dire, " nous n'avons pas avancé d'un pas, nous sommes toujours des barbares " . Toute guerre est un échec que nous devrons porter (puisque nous sommes indéniablement unis) et qui s'inscrira inévitablement dans un passé que les génération futures regretteront probablement, comme nous regrettons tous, individuellement, les erreurs que nous avons commises.

Mais voilà, l'être humain est une curieuse bête qui aime par dessus tout se justifier et faire opportunément entrer ses bourdes dans le fourre-tout de l'Histoire. Le moment était-il donc venu d'ajouter un élément à la nomenclature déjà bien garnie de nos erreurs?

Moi, je me languis d'une humanité aimante et responsable qui saurait tirer des leçons du passé et se projeter dans l'avenir. Personne cependant ne paraît mériter une telle considération, pas même les enfants que nous mettons au monde...sans doute uniquement pour passer le temps.

girardmj@journalist.com

powered by performancing firefox