mercredi, août 02, 2006

Quand Cuba s'éveillera, les États-Unis...se réjouiront!


Éditorial par Marie- J. Girard
Publié à Montréal /AAPI

Résumé de l'article

Fidel Castro malade, cela ne peut être une fois de plus une parade ; l'homme n'est pas immortel. Il faudra bien qu'il laisse sa place. C'est la fin d'une époque pour Cuba car son frère Raul ne fera sans doute pas long feu non plus. Quoi donc? Une démocratie? Une utopie? (le prochain état américain...). En tout cas une libération pour un peuple qui a tout à apprendre, mais surtout la liberté...

Permettez-moi de paraphraser Roger Peyrefitte et son célèbre Quand la Chine s'éveillera..., sauf que dans ce cas de figure ce ne sera pas " le monde tremblera" ; en effet, contrairement à la sombre prédiction précitée, le monde et les USA en particulier ne pourront que se réjouir.

Ainsi, on pourrait croire qu'après un demi-siècle de régime castristre les Cubains ne seraient que trop heureux de se débarrasser de leur " Leder maximo ", et bien non, du moins en apparence. Et cela relève de la psychologie la plus élémentaire.

A l'instar de Patricia Hearst qui avait pris le parti de ses ravisseurs dont dépendait sa survie, les Cubains souffrent en bloc du Syndrome de Stockholm selon lequel une victime finit par s'identifier à son persécuteur ou à son ravisseur. La manipulation individuelle ou de masse a cela de curieux qu'elle sait habilement allier le bon et le mauvais, la vérité et le mensonge. Castro a, paraît-il, amélioré les soins de santé et éradiqué l'analphabétisme mais au prix des libertés individuelles. Cela leur prendra manifestement quelques mois ou quelques années - c'est selon - pour sortir de leur confusion et se rendre compte qu'ils sont dorénavant libres.

Il ne faut pas être sorcier pour comprendre qu'isolés sur leur petite île des Caraïbes, les Cubains n'ont eu d'autres choix qu'en prendre leur parti et essayer de "transcender" la situation, cette transcendance se manifestant malheureusement pour la majorité, non pas par la recherche d'un sens spirituel sans doute culpabilisant à une situation présentant, dans l'absolu, un caractère manifestement "punitif" (qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu pour mériter ça...) mais à contrario par le choix de la lassitude et du désespoir : soit la corruption, le commerce illicite et la prostitution.

Les Cubains sont sans doute les gens les plus créatifs et économes de la terre. La "nécessité étant mère de l'invention", le monde entier a été à même de constater avec perplexité que cette dernière au moins ne leur faisait pas défaut.

Mais que dire de l'exemple paradoxal que cette petite île donne par ailleurs: sujet d'étude sur l'échec d'un communisme dépassé soutenu par un dictateur orgueilleux sans doute plus férocement attaché à son pouvoir qu'à l'idéologie qui l'a vu naître et haut lieu d'un tourisme de masse - dont le tourisme sexuel - n'ayant rien à envier, commercialement parlant, aux destinations les plus courues.

L'avenir de Cuba est simple. Les USA qui n'ont quand même pas les deux pieds dans le même sabot ne laisseront pas passer une occasion qu'ils attendaient depuis longtemps : soit instaurer une démocratie qu'ils n'auront aucune peine à contrôler ; soit s'offrir sans trop d'efforts un état supplémentaire (scénario hypothétique à long terme sans doute présent dans bien des esprits) à l'aide d'un référendum habilement présenté, la bénédiction des dissidents déjà sur leur territoire et celle d'une population ayant retrouvé ses esprits et fortement appâtée par tous les avantages de la situation.

La seule question en suspend c'est "quand" et surtout "comment", mais cela relève dorénavant du pur accessoire...

Marie J. Girard girardmj@journalist.com