vendredi, mars 23, 2007

TROU D’AIR DANS LA CAMPAGNE : PAUSE AVANT LE SPRINT FINAL OU ÉQUATION SIMPLISTE?

A moins de quatre semaines du premier tour de la présidentielle, l’opinion publique est essoufflée et a décidé de se reposer un peu.

Merci à Jacques Chirac dont la déclaration d’intention et de soutien mitigé à Nicolas Sarkozy mercredi dernier a apporté un peu de répit sinon de confusion dans l’esprit de l’électorat. Il ne faudra cependant sans doute que quelques jours au peuple français pour se rendre compte de l’entourloupette et pour refaire l’équation simpliste : nous n’aimions pas Sarkozy + appui de Chirac = nous n’aimons toujours pas Sarkozy.

Dans l’intervalle, suite à l’effet de levier chiraquien, le monstre bicéphale Sarkozy-Royal a remonté un peu dans les sondages (France 2, sondages) pour atteindre respectivement autour de 30% et 26% des voix, tandis que François Bayrou a semblé faire les frais de cette démonstration mathématique et reculer un peu pour se maintenir autour de 18%.

Toutefois, lorsque la poussière médiatique sera retombée sur l’appui du Président sortant à son ex-ministre de l’Intérieur, la France ne sera pas sans se rappeler avec consternation les 12 dernières années du règne de Jacques Chirac où le pays a accumulé les déficits, les problèmes sociaux, notamment dans les banlieues, et une aggravation de la crise du logement et du chômage. Par conséquent, l’adoubement de Nicolas Sarkozy sera perçu comme une volonté de continuité de la droite plutôt que comme la rupture souhaitée et annoncée par le candidat de l’UMP, ce qui déplaira sans doute à l’électorat qui semble manifester clairement une volonté de changement.

Ce trou d’air temporaire ne sera donc pas porteur pour les deux candidats en tête car ils ont démontré au cours de cette campagne leur incapacité à asseoir leur crédibilité de façon définitive et à inverser les tendances, surtout chez les indécis qui représentent tout de même 50% des voix.

Le nuage qui plane momentanément au dessus de François Bayrou, qui semble plus ou moins éclipsé par la configuration actuelle, ne témoigne de la volatilité de l’électorat que sur une faible marge (+ ou moins 4%), ce sont les conséquences de cette faible marge mais surtout un revirement inattendu des indécis qui pourraient créer des surprises dans l’isoloir.

samedi, mars 17, 2007

LE CAROUSSEL DES ALLÉGEANCES : BASSESSES ET AUTRES NOUVELLES DE CAMPAGNE

Tout compte fait, la classe que l’on attribue parfois à un individu s’avère tristement surfaite lorsque celui-ci se commet dans une diatribe vengeresse contre un ex-allié: Besson contre Royal, Veil contre Sarkozy, Borloo pour ou contre Sarkozy, Veil contre Bayrou, on ne sait tout simplement plus où donner de la tête tant le carrousel des intentions et des allégeances bifurque et repart à toute allure en sens contraire.

Malheureusement, cette semaine Simone Veil, quatre fois ministre de la Santé, a brisé sans le savoir la mince glace qui la protégeait de la vindicte populaire. Dorénavant, on la verra aussi comme celle qui, sans doute taraudée par une démangeaison attribuable au grand âge, aura craché en fin de parcours son venin - triste chant du cygne - sur le leader centriste de la façon la plus abjecte qui soit, espérant ainsi "faire avorter" le désir légitime et une partie de l'inclination naturelle du peuple.

Ex-UDF ayant abandonné le navire, « lapsi » politique n’ayant pas su, comme beaucoup d’autres, maintenir le cap de la solidarité lorsque les sirènes enivrantes de « l’autre pouvoir » lui ont fait un appel du pied, ("aucun respect pour une Simone Veil qui achève son illustre carrière dans l'hypocrisie et la régression politiques"David Sirota, Blog), cette ex-grande dame mérite-t-elle encore notre respect?

Simone Veil qui a qualifié dans Le Parisien la candidature de François Bayrou d'"imposture", et dit de lui qu’il était « le pire de tous » patauge dorénavant dans les ruelles les plus sordides et les sombres arrière-cours du déclin. Elle oublie sans doute qu'à ce jour 13% des Français (22% en 2002 au premier tour, permettant ainsi d'évacuer Jospin de la scène politique) votent Le Pen.

Il lui aurait été si facile de conserver sa dignité et d’écouter ceux qui lui ont conseillé de ne « pas abîmer son image ». Trop tard ! Elle a préféré instrumentaliser sa crédibilité au profit d’un Sarkozy, qu’elle mitraille ensuite sur ses propositions d’un ministère de « l’Immigration et de l’Identité nationale ». Sait-elle au moins ce qu’elle veut?

Ce qu’elle ne sait pas en tout cas c’est que cette haine, loin de servir les objectifs de la droite devient suspecte et attire justement l’attention sur François Bayrou. « Persécuté » de toutes parts, on ne peut en définitive que saluer, sous le feu roulant de piques qui lui sont destinées, la valeur de sa candidature et la légitime inquiétude qu’il suscite.

Il n’est donc plus déroutant de voir les colistiers de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal tirer à bout portant sur François Bayrou car seule l’indifférence eut été dangereuse. Étant Canadienne, je n'ai pas le privilège de me prononcer lors de cette présidentielle, je constate cependant, qu'outre les choix purement politiques, c'est toujours la rencontre entre un homme et le peuple (vestige monarchique et gaulliste) qui a prévalu en France.

Paraissant le seul homme de bon sens dans cette soupe nauséabonde, François Bayrou doit à tout le moins maintenir fermement la barre de l'intelligence discrète avant que cette campagne….. ne nous rende tous complètement fous.

lundi, mars 12, 2007

FRANÇOIS BAYROU FUTUR PRÉSIDENT?

Le regard de la France a changé.

Il est de ces moments où, par un retournement ou une métempsychose inexplicables, comme entraînés à l’écart de nos schémas habituels de pensées par une réalité nouvelle ou perçue comme telle, nous adhérons avec soulagement et de tout notre être à ce que nous savions déjà. Ce que nous savons désormais, et c’est une certitude, c’est que s'il maintient son allure et soigne sa toute nouvelle crédibilité François Bayrou sera sans doute le prochain président de la République française.

Au-delà d’une équation simpliste qui exclut définitivement les Sarkozy-Royal de la course pour cause d’opportunisme et de vulgarité et laisse le champ libre à François Bayrou, non seulement pourfendeur du monolithisme jacobin, mais seul réel défenseur des valeurs républicaines, nous ne pouvons que nous incliner devant la fabuleuse ironie du destin.

François Bayrou, homme du peuple, homme de paix, souvent rejeté et vilipendé, est entré tout entier dans le désir de la France profonde, ce que n’ont pas su faire les autres candidats qui militent non seulement pour la perpétuation d’un clivage malsain gauche-droite - cette représentation erronée de la nécessité d’un supposée alternance - mais pour un statu quo à l’image de l’immobilisme qui a favorisé depuis toujours leurs intérêts personnels élitistes et leur soif de pouvoir.

François Bayrou est cette inspiration nouvelle dont la France a besoin. Il incarne cet espoir inattendu et mobilisateur qui a su se révéler par la patience et la détermination et qui saura sans doute, par le même chemin de conciliation, de coopération, d’honnêteté et de vérité, s’allier les réticents et faire travailler les indolents à cette belle œuvre commune : relever enfin la douce France.

jeudi, mars 08, 2007

Bayrou : l'homme qui marche ou la force du destin?

publié à Montréal /AAPI

Nicolas Sarkozy a beau recevoir l'appui de la très distinguée Simone Veil qui a opportunément retourné sa chemise et fait défection de l'UDF, personne en France n'est dupe de cette "alliance"; et Ségolène Royal affirmer ne pas trop s'inquiéter de la montée du candidat Bayrou dont elle associe la popularitsé actuelle à sa stratégie "anti-système", il n'en reste pas moins que le monstre bicéphale représenté par nos deux compères, situés de par leurs convictions respectives aux extrémités opposées de la branche politique, sont pour le moins affolés et regardent du haut de cet effarement incrédule François Bayrou, l'homme du peuple, se tailler sereinement une part de choix, sinon la meilleure part, dans le gâteau électoral.

De plus, ce ne sont ni les sondages, car qu'est-ce qu'un sondage sinon l'élan du peuple en marche - et bien que l'on crédite désormais François Bayrou de 24% d'intentions de vote, derrière Ségolène Royal à 25% et Sarkozy à 26% - ni les fluctuations approximatives et partisanes gauche/droite s'exprimant dans l'indécision qui vont faire élire à coup sûr le candidat centriste.

Outre la prédiction de François Mitterrand qui a affirmé: "Surveillez Bayrou, il sera président", et ainsi perçu que derrière le fils bègue de petits agriculteurs béarnais, il y avait une formidable volonté et une détermination qui forcent l'admiration, c'est l'homme que la France découvre et c'est cet homme qu'elle va peut-être mener à l'Élysée, et ce malgré sa prestation dont certains affirment qu'elle fut discutable comme ministre de l'Éducation nationale à partir de 1993 et quelques gaffes dont une gifle plus ou moins paternelle (il a six enfants, il faut le comprendre...) à un gamin de dix ans, qui s'en souviendra toute sa vie...surtout si le gifleur devient président.

La France, en mal de politiciens crédibles auxquels elle puisse s'attacher est prompte à pardonner; elle est aussi capable de choisir le moindre mal, et c'est ce qu'elle a fait en réélisant Jacques Chirac pour écarter la menace que représentait au deuxième tour Jean-Marie Le Pen en 2002. Et aujourd'hui, elle croit à tort que ce moindre mal s'appelle Bayrou. Mais il pourrait s'avérer que l'option centriste, par un retournement inattendu du destin, devienne la chance sur laquelle on ne comptait plus pour sortir enfin ce pays de l'ornière.

Bayrou est aujourd'hui favorisé par une situation qui le place en lice avec des candidats incarnant ce que beaucoup de Français abhorrent désormais et ce dont ils ne veulent plus : une droite agressive et élitiste ironiquement concentrée à son plus haut niveau dans le candidat Sarkozy et un gauche sclérosée, impuissante et incapable de renouveau, ce que confirme le rapatriement récent des éléphants du parti par Ségolène Royal, et qui, soit dit en passant, se tiennent à carreau.

Mais devant l'homme qui marche en faisant fi des obstacles, il y a un destin. La France désabusée a besoin de renouveler sa confiance. Les Sarkozy-Royal apparaissent désormais comme ces deux guignols qui se tapent alternativement sur la tête, pendant que Bayrou, à l'image de la tortue de la fable poursuit calmement son chemin vers une victoire de moins en moins hypothétique.

Les sondages ne révèlent que l'expression unanime de cet étonnement collectif.

Comme le berger David préféré à ses frères et qui devint roi, Bayrou séduit justement par cet alliage de force, d'humilité et d'honnêteté qui contraste avec la rouerie, la vulgarité et l'opportunisme ambiants. Il se pose alors non seulement comme un alternative pour battre Sarkozy au deuxième tout, mais comme la SEULE alternative : il incarne donc désormais l'espoir de la France, c'est-à-dire tout.

Seul le temps dira s'il s'agit d'un engouement passager ou d'une réelle prise de conscience, ce que tous, finalement, souhaitent ardemment.