jeudi, octobre 12, 2006

LA PEUR INAVOUÉE DE SÉGOLÈNE

Par Marie-Josée Girard
publié à Montréal /AAPI

Le matin, Ségolène Royal se regarde furtivement dans le miroir et se dit sans doute: "ce n'est pas possible" et elle part travailler avec, vissés au coeur et au corps ce sentiment d'incrédulité et cette peur dont elle va très bientôt nous faire une magistrale démonstration "par la preuve", selon ses propres mots.

Chez nous on appelle cela de l'auto-sabotage : Clinton l'a fait, le premier ministre canadien Chrétien l'a fait et combien d'autres, détruisant leur image, taraudés par une culpabilité sourde et inconsistante qui tend vers ce qui est humble et ignoré et abhorre l'étalement et la captation de l'être par le "domaine public".

Ségolène n'est pas différente des autres : l'éventualité du pouvoir suprême peut soit la griser, soit la faire défaillir. L'esprit humain a ceci de curieux qu'il nous protège par de subtiles prévenances de l'inconcevable et de l'impensable. Y a-t-il quelque chose de plus inconcevable pour Ségolène elle-même que la présidence de la République? Outre un voyage sur la Lune assise entre Tintin et et le professeur Tournesol, je ne vois pas, ni elle nous plus, sans doute.

C'est pourquoi, dans les locaux du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, la jolie candidate à l'investiture PS pour 2007, a livré un discours mou et sans réelle substance. Langue de bois ou voeux pieux? Son discours est truffé de formules usées et passe-partout : elle parle encore "d'ordre juste", de "tirer vers le haut" (voir article). Et elle veut faire tout ça de ses blanches mains.

Ainsi, elle souhaite "débloquer" ou "dépanner" l'Europe. Premièrement, l'Europe n'a pas besoin d'être débloquée : c'est une passoire. On débloque ce qui ne circule pas ; on débloque ce qui bloque.

Ensuite, elle se range de façon opportuniste derrière l'opinion publique en ce qui a trait à l'entrée de la Turquie dans l'UE, sans se "mouiller", ce n'est pas joli, joli ça. Puis, non contente d'offrir une si maigre pitance à ses ouailles, elle parle d'une phase "d'approfondissement" de l'Europe : notre Mère Courage aurait-elle oublié de faire ses devoirs?

Enfin, elle affirme prétentieusement que l'Europe est le "seul acteur qui puisse rééquilibrer l'action internationale dans le sens de la paix", comme si la paix n'était pas l'affaire de tous et le lieu privilégié de la concertation de tous les peuples.

Ségolène a peur. Ségolène a très peur et elle va bientôt nous le démontrer "par la preuve"....

girardmj@journalist.com