
De plus, ce ne sont ni les sondages, car qu'est-ce qu'un sondage sinon l'élan du peuple en marche - et bien que l'on crédite désormais François Bayrou de 24% d'intentions de vote, derrière Ségolène Royal à 25% et Sarkozy à 26% - ni les fluctuations approximatives et partisanes gauche/droite s'exprimant dans l'indécision qui vont faire élire à coup sûr le candidat centriste.
Outre la prédiction de François Mitterrand qui a affirmé: "Surveillez Bayrou, il sera président", et ainsi perçu que derrière le fils bègue de petits agriculteurs béarnais, il y avait une formidable volonté et une détermination qui forcent l'admiration, c'est l'homme que la France découvre et c'est cet homme qu'elle va peut-être mener à l'Élysée, et ce malgré sa prestation dont certains affirment qu'elle fut discutable comme ministre de l'Éducation nationale à partir de 1993 et quelques gaffes dont une gifle plus ou moins paternelle (il a six enfants, il faut le comprendre...) à un gamin de dix ans, qui s'en souviendra toute sa vie...surtout si le gifleur devient président.
Bayrou est aujourd'hui favorisé par une situation qui le place en lice avec des candidats incarnant ce que beaucoup de Français abhorrent désormais et ce dont ils ne veulent plus : une droite agressive et élitiste ironiquement concentrée à son plus haut niveau dans le candidat Sarkozy et un gauche sclérosée, impuissante et incapable de renouveau, ce que confirme le rapatriement récent des éléphants du parti par Ségolène Royal, et qui, soit dit en passant, se tiennent à carreau.
Les sondages ne révèlent que l'expression unanime de cet étonnement collectif.
Comme le berger David préféré à ses frères et qui devint roi, Bayrou séduit justement par cet alliage de force, d'humilité et d'honnêteté qui contraste avec la rouerie, la vulgarité et l'opportunisme ambiants. Il se pose alors non seulement comme un alternative pour battre Sarkozy au deuxième tout, mais comme la SEULE alternative : il incarne donc désormais l'espoir de la France, c'est-à-dire tout.
Seul le temps dira s'il s'agit d'un engouement passager ou d'une réelle prise de conscience, ce que tous, finalement, souhaitent ardemment.