samedi, décembre 30, 2006

PEINE......DE MORT

Voilà, Saddam a été pendu. Lui qui avait non seulement lié son peuple sous le double fardeau de la dictature et de la corruption et avait cru pouvoir disposer de la vie des autres
(entre autres en faisant assassiner 148 villageois chiites soupçonnés d'avoir attaqué le convoi présidentiel) a finalement goûté à sa propre médecine : la peine de mort comme "vengeance" légale et démocratique.

Le fait que cela ait eu lieu le jour de l'Aïd n'est pas pour arranger les choses. La fête du sacrifice, qui coïncide avec le hadj, pèlerinage annuel de La Mecque, commémore l'acte d'Abraham, qui, selon la croyance des trois principales religions, s'était résolu à sacrifier son fils à la demande de Dieu (pour les juifs et les chrétiens, il s'agit de son fils légitime Isaac, alors que les musulmans croient qu'il s'agit plutôt d'Ismael, fils illégitime d'Abraham né de la servante égyptienne de son épouse Sara) lequel a finalement retenu sa main.

Son procès a pu être présenté à la face du monde comme équitable, il n'en reste pas moins que la plupart des pays civilisés se refusent à appliquer la peine de mort, qui s'apparente davantage à une version moderne du concept biblique de "oeil pour oeil, dent pour dent" qu'un réel moyen dissuasif d'éviter l'escalade de la criminalité.

Saddam méritait-il de mourir? A mon avis, pas davantage que ceux qu'il a lui-même fait passer de vie à trépas. Je ne crois pas que nous ayons du pouvoir la dessus, tout simplement parce que celui qui est en vie est en vie. Et le seul fait qu'une personne ait surmonté les écueils et dangers de l'existence pour des raisons que nous ignorons constitue l'unique réponse valable à cette question.

L'incommensurable vanité de l'homme l'incite à croire qu'il peut disposer de la vie des autres. Heureusement, cette détestable tendance tend disparaître. N'eut-il pas été préférable de voir Saddam pourrir en prison pour vingt ou vingt-cinq ans? Qui sait si une lumière de repentir ou de regret ne serait pas parvenue à illuminer ses derniers jours? Puisque nous sommes capables de concevoir en notre esprit cette seule éventualité, n'eut-il pas mieux valu laisser cette idée parvenir à son terme naturel, quelle qu'en soit l'issue?

Parce que l'homme tue encore l'homme, qu'il n'a nulle confiance en lui-même ni en l'avenir de l'homme qui doit s'élever et grandir, j'ai de la....peine de mort.

MJ Girard