vendredi, juin 06, 2008

LES CLINTON : UN ACHARNEMENT QUI N’A PAS PAYÉ

Par Marie-Josée Girard /AAPI

Doit-on se surprendre de la déconfiture d’Hillary Clinton? À priori, non. Ce n’est pas en voulant ressusciter avec acharnement une ère révolue (habilement enrobée dans un nouveau programme apparemment rigoureux et bien rodé) que l’on fera oublier aux Américains le relent passéiste qu’il traîne comme un boulet : le scandale Lewinsky qui a éclaboussé l’autre Clinton pendant son mandat, et toute la lourdeur que cet événement a fait planer à
l’époque sur le pays de l’Oncle Sam, mais ausi sur celle qui s’est posée en victime aux yeux de l’opinion publique.

La stratégie d'Hillary Clinton avait l’évidence subtile de ces gros sabots difficiles à dissimuler : des larmes opportunes, des déclarations parfois choquantes (pour susciter juste ce qu’il faut d’étonnement ou de colère lui permettant de conserver un maximum d’attention, même négative (ce qu’avait tenté sans succès Ségolène Royal en France) et la résurgence de scandales remis au goût du jour pour la même raison stratégique – sachant qu’une impression négative suscite des émotions fortes qui ont étrangement tendance à favoriser plutôt que pénaliser un candidat.

Mais n’y a-t-il pas plus choquant encore : un couple qui s’acharne sur la Présidence comme sur un os, un os bien enrobé et dont la chair est la chair même du pays? Car ce qui manque ici, c’est la décence : décence de savoir se retirer, décence de reconnaître ses torts, décence et pudeur face aux erreurs commises, décence de ne pas harceler les électeurs avec un choix qui n’en est pas un, et qui nous fait penser aux dernières élections présidentielles françaises oū le choix était, pour le moins, limité.

L’ère Clinton a été financièrement positive, mais ce n’est pas une raison ; beaucoup d’Américains ont l’intelligence de souhaiter un réel changement et ce changement est incarné par Barack Obama. Mais le changement peut s’avérer trop brutal en fin de parcours, ce qui laissera la place à John MC Caïn, qui n’attend que ça pour se glisser dans la faille et reprendre là ou les autres ont laissé le pays : la guerre en Irak et tout le touin-touin…plus ça change, plus c’est pareil…

vendredi, décembre 14, 2007

NICOLAS SARKOZY : LE "GUIDE" LIBYEN L'ENTRAÎNE SUR UNE PENTE GLISSANTE...

par Marie-Josée Girard /AAPI

L’argent est soit propre soit sale, c’est selon. Le sale, on le connaît, il vient de la drogue et des transactions douteuses ; des crimes plus ou moins avérés et par lesquels se compromettent parfois, pour des raisons tout aussi douteuses, certains hommes politiques. Le sale, on a de cesse de le laver, et son blanchiment constitue une activité parallèle à laquelle s’adonnent allégrement les escrocs. Le propre, c’est celui gagné honorablement, enfin, d’habitude.
Nicolas Sarkozy semble, ces jours-ci, faire clairement la nuance entre éthique commerciale et éthique tout court ; pas les Français.

En acceptant de conclure des contrats avec la Libye et son « Guide » Mouammar Kadhafi, alors que la communauté internationale le taxe à juste titre de terrorisme, le Président se met dans une position hasardeuse, mais cela ne semble pas trop l’incommoder. Car jusqu’où peut-on aller avant d’ébranler sur ses bases les fondements de l’éthique républicaine ? Lorsque la morale n’a plus droit de cité, n’est-ce pas toute la nation qui court à sa perte? A-t-il oublié que : «Dans un État populaire, il faut un ressort de plus qui est la vertu. Je parle ici de la vertu politique qui est la vertu morale dans le sens qu’elle se dirige au bien général.» Montesquieu, De l’esprit des lois, III.

Alors que l’on reprochait à Ségolène Royal d’avoir accepté de rencontrer les membres du Hamas lors de sa campagne électorale, voilà que le chef du pays ne s’embarrasse pas de tant de fla-fla. Son argument est le suivant, de l’argent c’est de l’argent. C’est aussi ce que se disent les trafiquants, non ? Bon, la comparaison est hardie, mais entre un contrat propre et un contrat qui l’est moins il y a une nuance. Il a en effet affirmé récemment que tous ces bons milliards d’Euro allaient profiter aux Français. C’est à voir. En attendant, ces derniers se rendent compte que l’infatigable roi Sarkozy semble finalement vaciller. Serait-ce à cause de son récent divorce, événement entre tous qui a la sombre réputation d’affecter le jugement des pauvres hommes abandonnés?

Dans le même ordre d’idées, au Canada, l’ancien Premier ministre Brian Mulroney a été entendu ces jours-ci pour répondre devant un comité d’éthique de sommes perçues en liquide en paiement de son soutien à la promotion de matériel militaire pour Karlheinz Schreiber, un homme d’affaires et lobbyiste allemand installé au Canada. Devant le comité, M. Mulroney a affirmé que l'entente visait à faire la promotion des ventes internationales de véhicules blindés légers fabriqués par Thyssen Industries. "M. Schreiber a ensuite indiqué qu'il serait très pratique pour Thyssen d'avoir un ancien Premier ministre pour l'aider dans la promotion internationale de ses véhicules de maintien de la paix et m'a donné une copie de documents d'information à propos du véhicule." (Source site TQS, John Ward, LA PRESSE CANADIENNE).

M. Mulroney, dans ses petits souliers, a dû faire amende honorable et expliquer devant le comité, autant que faire se peut, pourquoi il avait en plus « attendu » (quelques années…) avant de déclarer les 225 000 dollars (environ 175 000 Euros) au fisc. Il affirme qu’il s’agissait d’une grave erreur de jugement, tiens donc… Sûrement que cette noble pensée lui a échappé lorsqu’il comptait les coupures de mille dollars (c’est lui qui l’a dit) avant de les déposer dans son coffre-fort personnel. En tout cas, cet argent était suffisamment gris pour que le principal intéressé cherche à en dissimuler les sources. Pour toute excuse, M. Mulroney a indiqué que le fait de se retrouver sans emploi à la fin de son mandat a constitué un stress suffisant pour altérer son jugement.

Erreur de jugement, justifications douteuses, ces deux messieurs ont dû et doivent faire face à ces mêmes tentations qui une fois surmontées font la différence entre bassesse et honneur. Dommage qu’ils aient raté l’épreuve. Et dire que les colosses qui nous dirigent sont des colosses aux pieds d’argile…mais ça, on le savait.

jeudi, septembre 06, 2007

Dominique de Villepin, le grand navire dérouté ou le délit de noblesse

Par Marie-Josée Girard /AAPI

Dominique de Villepin, qui a encore une fois relancé le président Sarkozy (et continue de s'agiter sur tous les fronts), ajoute de l'eau trouble au moulin de ses détracteurs. En tendant ainsi la perche à son ennemi, non seulement fait-il aveu de faiblesse, il expose implicitement la piètre crédibilité de ses arguments. Il ne doit donc pas s'étonner de recevoir ce qui ressemble fort à un camouflet de la part du "petit homme" en échange de ses politesses tardives.

Non pas que je sois tentée par la politique ébouriffante du locataire de l'Élysée, qui finira bien par s'essouffler un peu, sinon se dégonfler complètement, mais je n'aime pas le manque d'humilité et j'estime que dans les circonstances, Dominique de Villepin, s'il n'est pas frappé de cécité quant à sa situation actuelle, semble en manquer cruellement et devrait plutôt adopter un profil bas, ce qu'il s'abstient de faire.

Je regarde donc avec consternation l'ancien Premier ministre tenter désespérément de redresser la barre de son imposant navire ; un navire voilé de certitudes, d’une certaine suffisance et, disons-le, d’une vanité ostensible particulièrement agaçante. Curieuse de savoir ce qui se cache encore derrière cette stratégie plutôt malhabile, j'attendais la suite de ce feuilleton politico-médiatique avec une certaine impatience: et bien maintenant je suis fixée, il n’y a rien, sinon un grand vent qu'il voudrait bien voir effacer les derniers mois de la mémoire collective. Rien à faire, ils sont tenaces.

Quoiqu’exposée dans les médias avec un certain aplomb et une contenance résultant d’une longue pratique de la gestion politique de l’image, la stratégie de Dominique de Villepin ne nous étonne pas, elle nous irrite. Le héraut déchu clamant sur les toits son innocence est bien le seul à y croire encore... C'est sans doute pourquoi il s'agite tant, comme si c'était lui, en fait, qui avait volé l'orange...

Et voilà que le Président de la République, en réponse à une lettre que lui a envoyé l’ancien Premier ministre, dans laquelle ce dernier tente des explications assez nébuleuses (évoquant toutefois un possible conflit d’intérêt entre les prérogatives présidentielles et son recours à titre de partie civile dans cette affaire), Nicolas Sarkozy le renvoie abruptement "devant la justice" et ce aux yeux de la France entière lors du journal du soir de TF1.

Dans les circonstances, que peut faire Dominique de Villepin sinon nier à grands cris s’être abaissé à manigancer contre un rival de toujours, un "usurpateur d’héritage politique" mais à qui a néanmoins été fait quelques grâces par personne interposée (en 1997 notamment alors que Nicolas Sarkozy hérite du Secrétariat général du RPR sous Chirac, après plusieurs années de traversée du désert).

La présomption d'innocence étant encore frileusement appliquée dans l'Hexagone (dans les esprits du moins), contrairement en Amérique où elle est sacrée, je m'en voudrais de le condamner d'avance, toutefois, il faut certaines preuves, si ce ne sont des preuves certaines pour une mise en examen (Wikipédia : En France, la mise en examen est une compétence exclusive du juge d'instruction. Elle vise la personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission d'une infraction - article 80-1 du Code de procédure pénale[1] -. Si tel n'est pas le cas de la personne mise en examen, il peut être placé sous le statut de témoin assisté ou témoin).

Bon, de mis en examen, il est devenu témoin assisté (ce qu'il souhaitait). Mais lorsque l'on a des amis hauts placés et que l'on jouit soi-même d'une position enviable, n'est-il pas possible de faire pencher la balance (de la justice) en sa faveur? Je n'accuse pas, mais je suis réaliste.

Le silence des derniers cent jours de Dominique de Villepin, avant ses sorties médiatiques, avait été suffisamment éloquent. Sous le couvert du respect qu’il doit à la démocratie qui l’a évincé, il a dû lécher ses plaies jusqu’à l’os ne sachant trop comment retrouver sa stature d’icône patiemment édifiée, et dont la naissance et l’éducation n’ont fait qu’ajouter un vernis dont l’effritement ne nous étonne pas, et nous pourrions même aller jusqu'à dire "je le savais" si nous n’étions, nous aussi, bien élevés.

Que va finalement permettre de découvrir l’enquête sur l’affaire Clearstream outre les révélations du général Philippe Rondot et du « corbeau » Jean-Louis Gergorin, ex-responsable de l’EADS, qui indique aujourd’hui que c’est Dominique de Villepin lui-même qui lui a ordonné de transmettre les faux listings de comptes bancaires au juge d’instruction Renaud van Ruymbeke ? La "vraie" vérité, on l’espère et non pas seulement cet accommodement tronqué que l’on nous sert d’habitude.

Car cet excès de zèle de Dominique de Villepin démontre qu’il pourrait avoir plus « qu’arrondi les angles » en partie pour se protéger, en partie pour protéger Jacques Chirac, dans une tentative de redonner à cette persistante allégeance la faculté de retourner en arrière, au temps où c’était lui l’avenir de la France - l’énoncé de cette délicate opération n’étant, il va sans dire, qu’un poli euphémisme pour éviter de dire qu’il a probablement menti "par solidarité" et qu’il doit maintenant s’en mordre les doigts, mais ça, ce n'est que conjecture...

En effet, le général Rondot a affirmé que Dominique de Villepin lui avait demandé "sur instructions" de Jacques Chirac une enquête visant notamment Nicolas Sarkozy, une version vigoureusement contestée par le Premier ministre et le président de la République. Le président Jacques Chirac a pour sa part démenti "catégoriquement" il y a quelques semaines dans un communiqué "avoir demandé la moindre enquête visant des personnalités politiques" en liaison avec l’affaire Clearstream.

Selon M. de Villepin, dans cette affaire "une thèse s’est imposée à l’automne 2004, qui n’avait rien à voir avec le sujet qui était une affaire industrielle et internationale. Cette thèse s’est imposée au point d’imprimer l’instruction judiciaire" (Le Monde, 12 sept. 2007).

"Quand on sort des procès verbaux d’audition tronqués, quand on sort des pièces d’un dossier, des éléments de perquisition isolés de leur contexte on peut faire dire n’importe quoi", a-t-il estimé avant d’ajouter : "Tout cela est mis au service d’une accusation contre moi, je le dis c’est faux et c’est injuste. Il n’y a pas en justice une thèse qui préexiste à la vérité" (Le Monde, 12 sept. 2007).

Quoi qu’il en soit, nous ne sommes évidemment pas dupes de cette grande démonstration médiatique visant à défendre l’intégrité et l’engagement bafoués. La colère et la jalousie ruminées longuement sont mauvaises conseillères, et la noblesse, quelle qu’elle soit, n’a ni le privilège de la hauteur de sentiments, et n’est ni protection tous risques contre la bassesse et la dissimulation.

Lorsque des indices probants semblent s'accumuler contre soi et que celui pour qui l’on a tout risqué se prélasse sur la Côte d’azur ,savourant béatement les joies de son immunité, que reste-t-il à faire sinon se draper avec panache dans ce qui nous reste de dignité, la cigüe n’étant pas une option envisageable.

Dominique de Villepin vient, il y a quelques semaines, de publier un dernier Napoléon « Le Soleil noir de la puissance, 1796-1807 », dans lequel il décrit l’ascension vers le pouvoir de Bonaparte. Il apparaît clair que cet ouvrage ne vise aucunement Nicolas Sarkozy, comme certains le prétendaient, mais lui-même et ses prétentions déçues. Sachant comment l’empereur a fini, nous ne nous étonnerons ni du choix de ses inclinations ni de l’ironie de la chose.

Lorsque l’on prend le large et que l’esprit s’élève, tout étourdi par les brises et les embruns inaccessibles aux simples mortels, le danger est de perdre son cap et de se retrouver finalement dans une galère, à ramer indéfiniment....sans savoir pourquoi ni commet en sortir. Et c’est malheureusement ce qui arrive à Dominique de Villepin. On s’en remettra...


mardi, mai 01, 2007

PRÉSIDENTIELLES : LE PLAN DE CARRIÈRE DE SARKOZY

Bon, les Français ont voté et ils voteront encore ce dimanche. La question est de savoir s’ils ont ou non été manipulés, ce qui semble l’évidence C’est pourquoi ce premier tour me laisse un mauvais goût dans la bouche, comme une déception indéfinissable et le sentiment d’une catastrophe imminente mais inéluctable : ce sera Sarkozy ou Royal, rien de plus.

Cette présidentielle nous a démontrée, que ce ne sont ni l’image, ni même les programmes des candidats qui ont le pouvoir en France lors d’une élection : ce sont les mots. Les mots que l’on choisit sans sincérité; des mots et des sentiments galvaudés, instrumentalisés, de la part de la gauche et de la droite, indistinctement. Des mots qui ont fait bougé les foules, rempli des auditoriums et des stades, débauché des députés et ministres, fait changé de parti et d'idéologie, le pouvoir des mots, de la caresse des mots...et des mensonges bien souvent.

Et ces mots sans fond, sans substance ont été reçus, acceptés, agréés par le peuple. On a cru à tort ou à raison ceux qui les ont prononcés et on a crédité leurs auteurs d’une sincérité qui n’était peut-être pas là, et c’est ça qui est triste. La crédulité du peuple français ou du moins d’une partie de celle-ci qui ne savent pas « voir » ce qui est juste, le sens profond des choses et juger en conséquence.

Sans prendre parti, je me réjouis que 18,6 % de ce même peuple a voté pour Bayrou et pour cette différence sincère et rafraichissante.

Mais voilà, Sarkozy VEUT être Président à tout prix, non pas pour la France, mais pour lui-même, c’est en quelque sorte son objectif de carrière, pour l'égo, la postérité ou quelqu'autre obscure raison. Et c’est un peu la même chose pour Royal, quoique chez elle, on sente l’étonnement devant son ascension mais aussi la présence d’un élan qui a quelque chose de maternel et qui nous fait parfois même oublier ses défauts.

Et oui, ce sera Sarkozy ou Royal, et ça on devra s’y faire pour cinq ans, quelles qu’en soient les conséquences. Car il est trop tard maintenant pour regretter.

vendredi, mars 23, 2007

TROU D’AIR DANS LA CAMPAGNE : PAUSE AVANT LE SPRINT FINAL OU ÉQUATION SIMPLISTE?

A moins de quatre semaines du premier tour de la présidentielle, l’opinion publique est essoufflée et a décidé de se reposer un peu.

Merci à Jacques Chirac dont la déclaration d’intention et de soutien mitigé à Nicolas Sarkozy mercredi dernier a apporté un peu de répit sinon de confusion dans l’esprit de l’électorat. Il ne faudra cependant sans doute que quelques jours au peuple français pour se rendre compte de l’entourloupette et pour refaire l’équation simpliste : nous n’aimions pas Sarkozy + appui de Chirac = nous n’aimons toujours pas Sarkozy.

Dans l’intervalle, suite à l’effet de levier chiraquien, le monstre bicéphale Sarkozy-Royal a remonté un peu dans les sondages (France 2, sondages) pour atteindre respectivement autour de 30% et 26% des voix, tandis que François Bayrou a semblé faire les frais de cette démonstration mathématique et reculer un peu pour se maintenir autour de 18%.

Toutefois, lorsque la poussière médiatique sera retombée sur l’appui du Président sortant à son ex-ministre de l’Intérieur, la France ne sera pas sans se rappeler avec consternation les 12 dernières années du règne de Jacques Chirac où le pays a accumulé les déficits, les problèmes sociaux, notamment dans les banlieues, et une aggravation de la crise du logement et du chômage. Par conséquent, l’adoubement de Nicolas Sarkozy sera perçu comme une volonté de continuité de la droite plutôt que comme la rupture souhaitée et annoncée par le candidat de l’UMP, ce qui déplaira sans doute à l’électorat qui semble manifester clairement une volonté de changement.

Ce trou d’air temporaire ne sera donc pas porteur pour les deux candidats en tête car ils ont démontré au cours de cette campagne leur incapacité à asseoir leur crédibilité de façon définitive et à inverser les tendances, surtout chez les indécis qui représentent tout de même 50% des voix.

Le nuage qui plane momentanément au dessus de François Bayrou, qui semble plus ou moins éclipsé par la configuration actuelle, ne témoigne de la volatilité de l’électorat que sur une faible marge (+ ou moins 4%), ce sont les conséquences de cette faible marge mais surtout un revirement inattendu des indécis qui pourraient créer des surprises dans l’isoloir.

samedi, mars 17, 2007

LE CAROUSSEL DES ALLÉGEANCES : BASSESSES ET AUTRES NOUVELLES DE CAMPAGNE

Tout compte fait, la classe que l’on attribue parfois à un individu s’avère tristement surfaite lorsque celui-ci se commet dans une diatribe vengeresse contre un ex-allié: Besson contre Royal, Veil contre Sarkozy, Borloo pour ou contre Sarkozy, Veil contre Bayrou, on ne sait tout simplement plus où donner de la tête tant le carrousel des intentions et des allégeances bifurque et repart à toute allure en sens contraire.

Malheureusement, cette semaine Simone Veil, quatre fois ministre de la Santé, a brisé sans le savoir la mince glace qui la protégeait de la vindicte populaire. Dorénavant, on la verra aussi comme celle qui, sans doute taraudée par une démangeaison attribuable au grand âge, aura craché en fin de parcours son venin - triste chant du cygne - sur le leader centriste de la façon la plus abjecte qui soit, espérant ainsi "faire avorter" le désir légitime et une partie de l'inclination naturelle du peuple.

Ex-UDF ayant abandonné le navire, « lapsi » politique n’ayant pas su, comme beaucoup d’autres, maintenir le cap de la solidarité lorsque les sirènes enivrantes de « l’autre pouvoir » lui ont fait un appel du pied, ("aucun respect pour une Simone Veil qui achève son illustre carrière dans l'hypocrisie et la régression politiques"David Sirota, Blog), cette ex-grande dame mérite-t-elle encore notre respect?

Simone Veil qui a qualifié dans Le Parisien la candidature de François Bayrou d'"imposture", et dit de lui qu’il était « le pire de tous » patauge dorénavant dans les ruelles les plus sordides et les sombres arrière-cours du déclin. Elle oublie sans doute qu'à ce jour 13% des Français (22% en 2002 au premier tour, permettant ainsi d'évacuer Jospin de la scène politique) votent Le Pen.

Il lui aurait été si facile de conserver sa dignité et d’écouter ceux qui lui ont conseillé de ne « pas abîmer son image ». Trop tard ! Elle a préféré instrumentaliser sa crédibilité au profit d’un Sarkozy, qu’elle mitraille ensuite sur ses propositions d’un ministère de « l’Immigration et de l’Identité nationale ». Sait-elle au moins ce qu’elle veut?

Ce qu’elle ne sait pas en tout cas c’est que cette haine, loin de servir les objectifs de la droite devient suspecte et attire justement l’attention sur François Bayrou. « Persécuté » de toutes parts, on ne peut en définitive que saluer, sous le feu roulant de piques qui lui sont destinées, la valeur de sa candidature et la légitime inquiétude qu’il suscite.

Il n’est donc plus déroutant de voir les colistiers de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal tirer à bout portant sur François Bayrou car seule l’indifférence eut été dangereuse. Étant Canadienne, je n'ai pas le privilège de me prononcer lors de cette présidentielle, je constate cependant, qu'outre les choix purement politiques, c'est toujours la rencontre entre un homme et le peuple (vestige monarchique et gaulliste) qui a prévalu en France.

Paraissant le seul homme de bon sens dans cette soupe nauséabonde, François Bayrou doit à tout le moins maintenir fermement la barre de l'intelligence discrète avant que cette campagne….. ne nous rende tous complètement fous.

lundi, mars 12, 2007

FRANÇOIS BAYROU FUTUR PRÉSIDENT?

Le regard de la France a changé.

Il est de ces moments où, par un retournement ou une métempsychose inexplicables, comme entraînés à l’écart de nos schémas habituels de pensées par une réalité nouvelle ou perçue comme telle, nous adhérons avec soulagement et de tout notre être à ce que nous savions déjà. Ce que nous savons désormais, et c’est une certitude, c’est que s'il maintient son allure et soigne sa toute nouvelle crédibilité François Bayrou sera sans doute le prochain président de la République française.

Au-delà d’une équation simpliste qui exclut définitivement les Sarkozy-Royal de la course pour cause d’opportunisme et de vulgarité et laisse le champ libre à François Bayrou, non seulement pourfendeur du monolithisme jacobin, mais seul réel défenseur des valeurs républicaines, nous ne pouvons que nous incliner devant la fabuleuse ironie du destin.

François Bayrou, homme du peuple, homme de paix, souvent rejeté et vilipendé, est entré tout entier dans le désir de la France profonde, ce que n’ont pas su faire les autres candidats qui militent non seulement pour la perpétuation d’un clivage malsain gauche-droite - cette représentation erronée de la nécessité d’un supposée alternance - mais pour un statu quo à l’image de l’immobilisme qui a favorisé depuis toujours leurs intérêts personnels élitistes et leur soif de pouvoir.

François Bayrou est cette inspiration nouvelle dont la France a besoin. Il incarne cet espoir inattendu et mobilisateur qui a su se révéler par la patience et la détermination et qui saura sans doute, par le même chemin de conciliation, de coopération, d’honnêteté et de vérité, s’allier les réticents et faire travailler les indolents à cette belle œuvre commune : relever enfin la douce France.

jeudi, mars 08, 2007

Bayrou : l'homme qui marche ou la force du destin?

publié à Montréal /AAPI

Nicolas Sarkozy a beau recevoir l'appui de la très distinguée Simone Veil qui a opportunément retourné sa chemise et fait défection de l'UDF, personne en France n'est dupe de cette "alliance"; et Ségolène Royal affirmer ne pas trop s'inquiéter de la montée du candidat Bayrou dont elle associe la popularitsé actuelle à sa stratégie "anti-système", il n'en reste pas moins que le monstre bicéphale représenté par nos deux compères, situés de par leurs convictions respectives aux extrémités opposées de la branche politique, sont pour le moins affolés et regardent du haut de cet effarement incrédule François Bayrou, l'homme du peuple, se tailler sereinement une part de choix, sinon la meilleure part, dans le gâteau électoral.

De plus, ce ne sont ni les sondages, car qu'est-ce qu'un sondage sinon l'élan du peuple en marche - et bien que l'on crédite désormais François Bayrou de 24% d'intentions de vote, derrière Ségolène Royal à 25% et Sarkozy à 26% - ni les fluctuations approximatives et partisanes gauche/droite s'exprimant dans l'indécision qui vont faire élire à coup sûr le candidat centriste.

Outre la prédiction de François Mitterrand qui a affirmé: "Surveillez Bayrou, il sera président", et ainsi perçu que derrière le fils bègue de petits agriculteurs béarnais, il y avait une formidable volonté et une détermination qui forcent l'admiration, c'est l'homme que la France découvre et c'est cet homme qu'elle va peut-être mener à l'Élysée, et ce malgré sa prestation dont certains affirment qu'elle fut discutable comme ministre de l'Éducation nationale à partir de 1993 et quelques gaffes dont une gifle plus ou moins paternelle (il a six enfants, il faut le comprendre...) à un gamin de dix ans, qui s'en souviendra toute sa vie...surtout si le gifleur devient président.

La France, en mal de politiciens crédibles auxquels elle puisse s'attacher est prompte à pardonner; elle est aussi capable de choisir le moindre mal, et c'est ce qu'elle a fait en réélisant Jacques Chirac pour écarter la menace que représentait au deuxième tour Jean-Marie Le Pen en 2002. Et aujourd'hui, elle croit à tort que ce moindre mal s'appelle Bayrou. Mais il pourrait s'avérer que l'option centriste, par un retournement inattendu du destin, devienne la chance sur laquelle on ne comptait plus pour sortir enfin ce pays de l'ornière.

Bayrou est aujourd'hui favorisé par une situation qui le place en lice avec des candidats incarnant ce que beaucoup de Français abhorrent désormais et ce dont ils ne veulent plus : une droite agressive et élitiste ironiquement concentrée à son plus haut niveau dans le candidat Sarkozy et un gauche sclérosée, impuissante et incapable de renouveau, ce que confirme le rapatriement récent des éléphants du parti par Ségolène Royal, et qui, soit dit en passant, se tiennent à carreau.

Mais devant l'homme qui marche en faisant fi des obstacles, il y a un destin. La France désabusée a besoin de renouveler sa confiance. Les Sarkozy-Royal apparaissent désormais comme ces deux guignols qui se tapent alternativement sur la tête, pendant que Bayrou, à l'image de la tortue de la fable poursuit calmement son chemin vers une victoire de moins en moins hypothétique.

Les sondages ne révèlent que l'expression unanime de cet étonnement collectif.

Comme le berger David préféré à ses frères et qui devint roi, Bayrou séduit justement par cet alliage de force, d'humilité et d'honnêteté qui contraste avec la rouerie, la vulgarité et l'opportunisme ambiants. Il se pose alors non seulement comme un alternative pour battre Sarkozy au deuxième tout, mais comme la SEULE alternative : il incarne donc désormais l'espoir de la France, c'est-à-dire tout.

Seul le temps dira s'il s'agit d'un engouement passager ou d'une réelle prise de conscience, ce que tous, finalement, souhaitent ardemment.

vendredi, février 23, 2007

Du renfort pour Ségolène Royal : entre faiblesse et opportunisme

Ségolène Royal n'est pas fin stratège, elle ne sait ni anticiper ni prévoir ni les conséquences de ses actes, tout investie dans la préoccupation angoissante des hauts et des bas d'une campagne qui a révélé ses lacunes en matière de jugement, de politique internationale et de ....vocabulaire (rappelons-nous la fameuse "bravitude").

Comment pourrait-elle en ce cas diriger la France?

Je me régale donc de cette nouvelle erreur de parcours de Ségolène Royal, puisque le remaniement de son équipe en fin de campagne et qui ramène au moulin du projet socialiste ceux qui auparavant n'avaient pas su convaincre : les Jospin, Fabius et DSK s'inscrit presque comme un aveu de faiblesse sinon d'incompétence (voir extraits Ségolène Royal, Ombre et Lumière, Éditions Michalon, 204 p.).

Telle une enfant craintive malmenée par ses camarades qui court chercher son grand frère, Sègolène Royal appelle en renfort les grands frères socialistes afin de venir défendre son projet de pacte présidentiel. Il est évident que, même de son point de vue (ce remaniement en témoigne), qu'elle n'a à elle seule ni la stature ni la crédibilité nécessaires à ses prétentions.

Les Français savent fort bien qu'ils n'ont devant eux aucun candidat valable : entre l'opportunisme assez vulgaire de Sarkosy et l'incommensurable vanité de Royal, que reste-t-il sinon un Bayrou qui, par comparaison, offre l'image d'une sincérité rafraichissante?

Malheureusement, telle est l'image de la France, indécise entre une droite rébarbative et sclérosée, une gauche incapable elle non-plus de renouveau et un centre trop tiède pour rallier ceux qui en ont "ras-le-bol" des pachydermes et autres lourdeurs indélogeables.

Le 5 mars, Chirac annoncera ses intentions, peut-être lancera-t-il un pavé dans la mare? Pour s' amuser ou simplement pour faire encore des ronds... dans l'arène politique.

mercredi, janvier 24, 2007

Ségolène Lagaffe ou une campagne politique nouveau genre

Dirais-je que je me régale des bourdes successives de Ségolène Royal serait un peu exagéré. Cependant, dès octobre je mettais en garde les Français (Ségolène, femme de mots ou de parole, La peur inavouée de Ségolène) contre un enthousiasme prématuré et excessif.

C’est pourquoi j’ose aujourd’hui un à propos « je vous l’avais bien dit ».

J’éprouve cependant un peu de pitié pour la dame que son immense vanité conduit aujourd’hui sur les allées brillamment éclairées de la triste évidence : Ségolène Royal, non seulement ne possède aucune des qualités de prudence, de jugement et de sens du devoir nécessaires à l’exercice des plus hautes fonction de l’État, mais plus grave encore, les conseils de cette malencontreuse faille outrepassent manifestement ceux de son entourage politique immédiat.

Ses impairs sont tellement nombreux que je risque d’en omettre quelques uns: rencontre avec des membres du Hezbollah lors de son voyage au Moyen-Orient, déclarations sur l’ « efficacité » (tragique) de la justice chinoise, l’invention du mot « bravitude » pour remplacer bravoure, la polémique sur l’ISF qui a révélé une mésentente au sein du parti et…du couple Hollande-Royal, la récente déclaration au controversé chef du parti québécois André Boisclair sur l’indépendance du Québec, mais aussi, ce qui n’a pas été mis en exergue, son désir de ne pas s’ingérer dans les « affaires institutionnelles » du Canada. En effet, la pauvreté du vocabulaire de madame Royal atteint ici un sommet puisque les affaires institutionnelles d’un pays font référence à ses institutions et qu'il aurait fallu dire, vous vous en doutez bien, les affaires internes ou à la rigueur, constitutionnelles, sachant que la nomenclature des pouvoirs attribués aux province fait partie intégrante de la constitution du pays.

J’espère vivement que Ségolène Royal lancera au plus tôt la serviette. En effet, je ne voudrais pas qu’une autre bourde plus grave révèle enfin à l’entendement de la dame ce que tout le monde sait déjà sur elle mais qu’elle-même semble s’obstiner à ne pas voir : oscillant entre incompétence et maladresse, Ségolène Royal est une gaffeuse, et la France n’a surtout pas besoin d’une gaffeuse même douée pour présidente.

MJ Girard

samedi, décembre 30, 2006

PEINE......DE MORT

Voilà, Saddam a été pendu. Lui qui avait non seulement lié son peuple sous le double fardeau de la dictature et de la corruption et avait cru pouvoir disposer de la vie des autres
(entre autres en faisant assassiner 148 villageois chiites soupçonnés d'avoir attaqué le convoi présidentiel) a finalement goûté à sa propre médecine : la peine de mort comme "vengeance" légale et démocratique.

Le fait que cela ait eu lieu le jour de l'Aïd n'est pas pour arranger les choses. La fête du sacrifice, qui coïncide avec le hadj, pèlerinage annuel de La Mecque, commémore l'acte d'Abraham, qui, selon la croyance des trois principales religions, s'était résolu à sacrifier son fils à la demande de Dieu (pour les juifs et les chrétiens, il s'agit de son fils légitime Isaac, alors que les musulmans croient qu'il s'agit plutôt d'Ismael, fils illégitime d'Abraham né de la servante égyptienne de son épouse Sara) lequel a finalement retenu sa main.

Son procès a pu être présenté à la face du monde comme équitable, il n'en reste pas moins que la plupart des pays civilisés se refusent à appliquer la peine de mort, qui s'apparente davantage à une version moderne du concept biblique de "oeil pour oeil, dent pour dent" qu'un réel moyen dissuasif d'éviter l'escalade de la criminalité.

Saddam méritait-il de mourir? A mon avis, pas davantage que ceux qu'il a lui-même fait passer de vie à trépas. Je ne crois pas que nous ayons du pouvoir la dessus, tout simplement parce que celui qui est en vie est en vie. Et le seul fait qu'une personne ait surmonté les écueils et dangers de l'existence pour des raisons que nous ignorons constitue l'unique réponse valable à cette question.

L'incommensurable vanité de l'homme l'incite à croire qu'il peut disposer de la vie des autres. Heureusement, cette détestable tendance tend disparaître. N'eut-il pas été préférable de voir Saddam pourrir en prison pour vingt ou vingt-cinq ans? Qui sait si une lumière de repentir ou de regret ne serait pas parvenue à illuminer ses derniers jours? Puisque nous sommes capables de concevoir en notre esprit cette seule éventualité, n'eut-il pas mieux valu laisser cette idée parvenir à son terme naturel, quelle qu'en soit l'issue?

Parce que l'homme tue encore l'homme, qu'il n'a nulle confiance en lui-même ni en l'avenir de l'homme qui doit s'élever et grandir, j'ai de la....peine de mort.

MJ Girard

lundi, décembre 04, 2006

SÉGOLÈNE : LE CULTE DE L'IMAGE OU VANITÉ QUAND TU NOUS TIENS

J'aimerais parler d'autre chose que de Ségolène Royal. Mais je crois de mon devoir - si ce n'est une simple obligation morale - d'occulter ma tendance naturelle à la solidatrité féminine afin d'exprimer ma perplexité.

Je ne suis ni de droite ni socialiste, mais le simple bon sens me commande de me méfier d'une dame qui non seulement s'incline dans la direction du vent telle une girouette mais commet des impairs qui témoignent d'un manque du jugement le plus élémentaire (voir) .

En politique, faire preuve d'un jugement éclairé c'est non seulement connaître les enjeux (ce qui déjà aux yeux de la candidate socialiste paraît être d'une importance toute relative) mais c'est aussi posséder le recul nécessaire que donne l'expérience qui permet d'embrasser globalement une situation et non seulement les éléments les plus apparents ou les plus...utiles. Ce recul, cette connaissance et cette expérience sont tributaires d'un "élargissement du coeur" et de l'intelligence acquis le plus souvent suite à l'adversité, situation à laquelle Madame Royal ne semble jamais avoir eu à se coltiner.

Accepter de rencontrer des membres du Hezbollah (après avoir hésité à rencontrer des membres du Hamas!) c'est sans doute faire preuve d'une humanité toute féminine où l'on croit à tort toujours pouvoir améliorer les choses ; mais en politique, cela ne marche pas, ce sont les traités et les ententes bilatérales ou multipartites qui ont ces fonctions et c'est bien ainsi. Cette "fausse diplomatie" ne marche pas tout simplement parce qu'elle témoigne davantage d'une immense vanité et d'un culte de la personnalité qui laisse croire à celui qui se laisse prendre, qu'il possède quelque chose qui fera une différence, que d'une réelle compétence. Seule l'humilité peut faire cette différence, l'humilité qui permet d'accepter les conseils et une direction éclairée.

Quand au mutisme, volontaire ou non, de Madame Royal suite à la comparaison par un député libanais du Hezbollah du sionisme au nazisme, il témoigne son manque d'attention et de réactivité et d'une méconnaissance de la culture profonde du Proche-Orient.

Madame Royal est peut-être têtue ou manipulée, quoi qu'il en soit, elle semble avoir entamé le processus d'auto-sabotage dont j'ai parlé dans un précédent message. Je dirais donc avec une coupable satisfaction que c'est tant mieux.

Malheureusement, les électeurs Français pourraient fermer une fois de plus les yeux, aveuglés par le joli ramage... ce serait dommage.

vendredi, novembre 17, 2006

SÉGOLÈNE ROYAL : FEMME DE MOTS OU DE PAROLE, SEUL L'AVENIR LE DIRA...


publié à Montréal AAPI
par Marie Josée Girard

La toute fraîchement élue représentante du parti socialiste français et candidate à l'élection présidentielle de mai 2007, Ségolène Royal, semble nourrir une affection immodérée pour les formules toutes faites.

Ainsi, non contente de "tirer vers le haut", viser un "ordre juste" tout en "débloquant" ou "dépannant" la France après un "approfondissement de l'Europe", elle souhaite désormais que ses concitoyens "imaginent ce qu'ils peuvent faire pour la France". Attendez, n'est-ce pas à elle à faire des proprositions?

Cela m'agace. Les Français, comme tout un chacun, ont autre chose faire que de "rêver" un pays déjà sur le déclin. Ils sont fatigués et veulent de la viande autour de l'os. Et cette viande ce sont de meilleurs salaires, le développement de la libre-entreprise par l'instauration de processus allégés, et des emplois. Au fin fond des villages et des petites villes de province, la grandeur de la France, l'Union européenne et les "désirs d'avenir" on s'en tape "royalement".

Elle a certes bien appris ses leçons sur la manière de tenir un discours politique : balayer large, demeurer dans le vague tout en faisant appel aux sentiments des électeurs qui sont, comme chacun sait, les facteurs les plus mobilisateurs, mais cela est-il suffisant?

Les électeurs français paraissent plus sensibles à ce genre de discours vaguement sirupeux que ne le sont les électeurs nord-américains pour lesquels le contenu compte davantage que le contenant. Mais l'après Chirac (rappelons-nous l'épisode Le Pen consécutif aux frasques du "super-menteur" -Jean-Marie Le Pen, 77 ans, président du Front national déjà 4 fois candidat, qui espère rééditer son score d'avril 2002 (16,86%), qui lui avait permis d'accéder au second tour face à Jacques Chirac qui les a sans doute légèrement refroidis) devra apporter un souffle de renouveau et non la sempiternelle réédition d'une gouvernance élitiste dépassée, possible alternative que Madame Royal pourrait représenter pour certains.

La crainte de Ségolène Royal pourtant face à ce qui l'attend est manifeste puisqu'elle parle de "gravir la montagne". En outre, la dame est vaniteuse : souvent vêtue de blanc, tel l'ange de miséricorde, elle semble en plein "ego trip" comme on dit chez nous. Cela ne laisse présager rien de bon : Chirac avec son air bon enfant n'a-t-il pas aveuglé les Français plus d'une fois?

Espérons que cette fois-ci les mots et le "look" des candiats auront moins de poids que le simple bon sens des électeurs, auquel il faut toujours croire...malgré tout.

jeudi, octobre 12, 2006

LA PEUR INAVOUÉE DE SÉGOLÈNE

Par Marie-Josée Girard
publié à Montréal /AAPI

Le matin, Ségolène Royal se regarde furtivement dans le miroir et se dit sans doute: "ce n'est pas possible" et elle part travailler avec, vissés au coeur et au corps ce sentiment d'incrédulité et cette peur dont elle va très bientôt nous faire une magistrale démonstration "par la preuve", selon ses propres mots.

Chez nous on appelle cela de l'auto-sabotage : Clinton l'a fait, le premier ministre canadien Chrétien l'a fait et combien d'autres, détruisant leur image, taraudés par une culpabilité sourde et inconsistante qui tend vers ce qui est humble et ignoré et abhorre l'étalement et la captation de l'être par le "domaine public".

Ségolène n'est pas différente des autres : l'éventualité du pouvoir suprême peut soit la griser, soit la faire défaillir. L'esprit humain a ceci de curieux qu'il nous protège par de subtiles prévenances de l'inconcevable et de l'impensable. Y a-t-il quelque chose de plus inconcevable pour Ségolène elle-même que la présidence de la République? Outre un voyage sur la Lune assise entre Tintin et et le professeur Tournesol, je ne vois pas, ni elle nous plus, sans doute.

C'est pourquoi, dans les locaux du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, la jolie candidate à l'investiture PS pour 2007, a livré un discours mou et sans réelle substance. Langue de bois ou voeux pieux? Son discours est truffé de formules usées et passe-partout : elle parle encore "d'ordre juste", de "tirer vers le haut" (voir article). Et elle veut faire tout ça de ses blanches mains.

Ainsi, elle souhaite "débloquer" ou "dépanner" l'Europe. Premièrement, l'Europe n'a pas besoin d'être débloquée : c'est une passoire. On débloque ce qui ne circule pas ; on débloque ce qui bloque.

Ensuite, elle se range de façon opportuniste derrière l'opinion publique en ce qui a trait à l'entrée de la Turquie dans l'UE, sans se "mouiller", ce n'est pas joli, joli ça. Puis, non contente d'offrir une si maigre pitance à ses ouailles, elle parle d'une phase "d'approfondissement" de l'Europe : notre Mère Courage aurait-elle oublié de faire ses devoirs?

Enfin, elle affirme prétentieusement que l'Europe est le "seul acteur qui puisse rééquilibrer l'action internationale dans le sens de la paix", comme si la paix n'était pas l'affaire de tous et le lieu privilégié de la concertation de tous les peuples.

Ségolène a peur. Ségolène a très peur et elle va bientôt nous le démontrer "par la preuve"....

girardmj@journalist.com

lundi, septembre 25, 2006

TROIS PETITES NOUVELLES EN PASSANT

Par Marie-josée Girard
publié à Montréal /AAPI

CE PAPE ME DONNE LE TOURNIS

Il y a certaines choses que je n'aime pas : je n'aime pas que l'on se rétracte et affiche le profil bas pour plaire à la majorité ou calmer les esprits; je n'aime pas les compromis qui ressemblent à s'y méprendre à de l'hypocrisie et que l'on sert nappés d'une faible sauce diplomatique ; je n'aime pas le manque de grandeur et l'esprit qui ne sait ni épouser dans un vaste embrassement les causes et les raisons, ni comprendre et accueillir. La grandeur est rare de nos jours, c'est ce qui la rend si précieuse.

Le pape Benoît XVI n'en finit plus de revenir sur ses déclarations, de les contourner, d'en faire autre chose que ce qu'elles étaient â l'origine : une malhabile provocation. Mais lorsqu'il parle de respect des autres religions et de collaboration interreligieuse, je ne vois là qu'un moyen de plus de tenter d'entrer dans les bonnes grâces de ceux qui ont été offensés.

Il a fait l'amalgame entre terrorisme et Islam et a manqué de vision, de là à dire que Benoît XVI manque de cette grandeur indispensable à la charge pontificale, il n'y a qu'un pas.

BYE BYE OUSSAMA !


Le diable en personne (pour certains) serait mort. Cette nouvelle n'est pas jeune, jeune. La sagesse populaire ne s'émeuvra pas de l'annonce de la disparition du chef d'Al Qaïda, "nouvelle" qui traîne depuis deux ans déjà alors que seuls des spécimens de sa voix ont franchi les montagnes et les ravins afghans pour nous parvenir. Vrais ou non, ces enregistrements ont toujours semé le doute chez le commun qui sait, lui, ce que les grands peinent à découvrir : les hommes morts font souvent davantage parler d'eux que les vivants...

SÉGOLÈNE NE PASSERA PAS


Que l'on instrumentalise ou non la très jolie et médiatique socialiste française n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui devrait nous déranger, c'est qu'elle-même ne semble pas s'en rendre compte : oui elle est engagée, oui elle est convaincue, oui elle plaît encore aux électeurs (moins aux électrices). Mais malheureusement pour la France, encore éminemment machiste, malgré une Alliot-Marie qui a la crédibilité de l'élégance froide et contenue, il n'en reste pas moins que Ségolène est une femme, et que ce n'est pas demain la veille du jour où une femme deviendra présidente de la République française, point.

mercredi, septembre 20, 2006

Les propos du pape : pas de fumée sans feu...

Par Marie-Josée Girard
publié à Montréal /AAPI


Les paroles du pape ne lui ont pas malencontreusement échappé (il aurait eu au moins l'excuse de l'absence passagère). Mais peut-on comprendre le raisonnement qui l'incite à s'excuser après coup de leur effet pervers?

Comme tout un chacun sait, les mots vivent d'une vie indépendante qui échappe au contrôle de leur émetteur du moment qu'elles franchissent le lieu humide et inconfortable où la langue et la bouche se disputent la suprématie des fonctions.
Le Pape est désolé (excuses entendues, TF1 - Monde) d'avoir mêlé amour et haine, d'avoir proposé une vision dychotomique du catholicisme dans lequel l'on peut à loisir attaquer et se défendre, aimer et juger, proposer insidieusement et se rétracter. Ses paroles ne reflétaient pas sa pensée a-t-il dit. Mais de qui reflétaient-elles la pensée exactement? Ainsi, mues par quelque mauvais démon campant en déséquilibre sur son épaule et à l'affût des incohérences papales, elles se sont propagées à l'encontre de sa volonté et de sa raison, comme de raison...
Il est cependant vivement attristé que ses auditeurs aient eu l'intelligence de relever ce que lui n'a pas su contenir ou prévoir. Franchement, je suis consternée. Peut-on donner foi à une église qui ne voit pas la gravité de ses propres maladies et fait preuve d'une mauvaise foi manifeste?
Non, il n'y a pas de fumée sans feu...

samedi, septembre 16, 2006

La Première tentation du Pape

Par Marie-Josée Girard
publié à Montréal /AAPI


Toute vérité est comparable à un champ de mines : se laisse-t-on prendre à ses foudroyants attraits qu'elle transforme notre langue en une épée impitoyable, prête à frapper à tout moment. C'est la même épée de Damoclès qui plane aujourd'hui, incertaine, au-dessus de la tête de pape. Que doit-on dire et que doit-on taire, c'est là toute l'essence de la diplomatie, ou de la....charité chrétienne.

Le Prophète de l'Islam et les Croisés ont-il usé de violence pour défendre et étendre leur foi? Oui, bien sûr (Mahomet, prophète et chef militaire, Wikipédia - Croisades). Le pape avait-il le droit, sur la base de cette réalité, d'émettre des idées susceptibles d'engendrer la haine? Non (propos du pape, La Tribune de Genève). Peut-on accuser un pape d'incitation à la haine? Probablement pas.
Parce que le pape est à la tête de plus d'un milliard de fidèles et qu'il a la réputation, sinon le privilège (dorénavant surfaits, je le crains) d'être infaillible, de nombreux Catholiques s'abstiendront de porter un jugement. Pourtant, la vérité que Benoît XVI représente en la personne du Christ ( qui a dit "Je suis la Vérité et la Vie") s'étale aujourd'hui aux yeux de tous, puisque "rien ne doit demeurer caché". Le pape a manifestement manqué à la charité chrétienne la plus élémentaire en omettant de respecter les prescriptions de la Bible sur l'amour du prochain (1 Corinthiens 13.4-7) qui édicte que :
" La charité (...) ne cherche pas son intérêt ; ne s'irrite pas ; ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout ".
Le pape lui-même serait-il au-dessus de la mystique que son église professe et ordonne à ses ouailles? Parce que ce que l'on croit nous porte et nous transporte ; parce que ce que l'on croit nous fait vivre et nous édifie, on pense souvent devoir, dans un souci de cohérence légitime, étaler notre vérité au grand jour. Mais ce n'est souvent, en définitive, qu'une forme poussée et insidieuse d'égocentrisme qui conduit à l'exclusion. J'ose espérer que Benoît XVI n'est pas tombé dans ce cas de figure.

Dans un article récent publié sur le site eucharistiemisericor.free.fr, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, prenant la défense de Benoît XVI, a indiqué que les médias avaient selon lui instrumentalisé les propos du pape selon lesquels celui-ci, en liant l'essence véritable de la religion à la raison, excluait l'Islam, qui ne serait en définitive (note de l'auteur) qu'une religion de « barbares ».

Cette soudaine et surprenante apologie de la raison ne cadre toutefois pas avec la réalité fondamentale du christianisme qui se veut la religion de l'amour. D'ailleurs, depuis quand Dieu est-il raisonnable? Lui qui habille des fleurs magnifiques qui ne durent qu'un seul jour.

Il est vrai que le Coran contient certains versets pouvant susciter la polémique (entre autres : La Vache, versets 190-193) et qui sont indéniablement utilisés hors de leur contexte historique par la mouvance extrémiste. Ce qui est étonnant, c'est que Benoît XVI n'ait pas eu la diligence de faire la différence à Ratisbonne.
Je n'ai pas vraiment de doute quant à l'intelligence du saint locataire du Vatican ; je m'interroge plutôt sur l'objectif diplomatique visé par le petit État situé au coeur de Rome : établir une assise politique diamétralement opposée à celle de Jean-Paul II - qui avait favorisé le dialogue interreligieux - et relancer ainsi le positionnement stratégique dorénavant fondamentaliste du catholicisme sur la scène mondiale, ou simplement tenter de précipiter le monde ... dans le chaos, c'est selon.

girardmj@journalist.com

mardi, septembre 12, 2006

Iran-Irak : la sombre alliance qu'il faut craindre


Éditorial par Marie J. Girard / Montréal
publié le 12 septembre 2006 AAPI


Le gouvernement irakien, qui n'a jamais juré fidélité éternelle aux USA, a-t-il finalement décidé de retourner sa chemise en s'alliant à son ennemi de toujours?

Les Irakiens et les Iraniens ne sont pas bêtes, c'est le moins qu'on puisse dire.

Alors que les États-Unis tentent plus ou moins discrètement (sic) de diviser le monde musulman, l'Iran et l'Irak, ces deux imposants voisins, ennemis à la ville - querelle idéologique oblige - ont décidé de s'allier dans le domaine le plus sensible qui soit : le pétrole.

Comme chacun sait, ce n'est malheureusement pas l'amour qui unit les peuples mais le mélange, sinon hautement improbable, de vagues intérêts communs. Fiers de cette constatation qui vient sans doute de leur sauter aux yeux, les deux protagonistes chiites et sunnites, ont décidé de surseoir à leur inimité afin d'exploiter ensemble des champs pétrolifères situés de part et d'autre de leurs frontières.

Cette alliance redoutable était peu envisageable il y seulement quelques semaines (quoiqu'elle le fut dans les années 70 ) et la simple mention de cette possibilité aurait sans doute parue risible et incongrue aux pontes de Washington benoîtement assis sur la certitude de la légitimité de leurs actions dans la région.

L'Iran et l'Irak ont-ils compris la stratégie américaine du "diviser pour régner" et planifié de la contrer de la manière la plus intelligente qui soit? Cela ne fait aucun doute.

Je ne dirais pas qu'il faut du courage pour s'allier à son ancien ennemi, car dans ce cas de figure, il s'agirait davantage d'une alliance stratégique à laquelle ils n'ont dû consentir qu'avec beaucoup de réticences. Le résultat, pourtant, peut être dévastateur pour l'Occident : une séparation manifeste du monde en deux clans biens définis visant chacun le monopole mondial du marché du pétrole et collectant les alliances leur permettant d'atteindre leurs objectifs.

Malheureusement, les États-Unis n'avaient probablement pas prévu cette détestable éventualité.

Pourtant, l'Iran, qui a manifesté son intention d'établir de manière indépendante sa bourse du pétrole en Euro, avait ainsi donné quelques indices. Et l'on se demande maintenant si ses tergiversations concernant le dossier nucléaire ne visaient pas justement la création d'une diversion permettant l'établissement de ce sombre partenariat.

Comment vont réagir les USA? Une petite invasion avec ça ...




lundi, septembre 04, 2006

Une humanité qui ... s'ennuie

Éditorial par Marie J. Girard /AGPI montréal
publié le 4 septembre 2006

L'humanité tout entière se comporte parfois comme si elle était emprisonnée sur sa petite planète et fomentait sans s'en rendre compte (inconscience collective oblige) - et sans doute par désoeuvrement - une évasion spectaculaire et définitive.

Blague à part, nous agissons collectivement comme si la vie était ennuyeuse et que nous devions absolument trouver "quelque chose à faire", un nouveau sujet de conversation ou de préoccupation.

Après des semaines de canicule qui ont durement échauffé et éprouvé les esprits, certains tenants d'un activisme tous azimuts n'ont rien trouvé de mieux pour meubler un été particulièrement exempt d'appâts médiatiques (mis à part le coup de boule de Zidane qui s'enfonce toutefois inéluctablement dans le trou noir des "vieilles" infos) que de catapulter notre monde dans ce qui semblait être les prémisses de la troisième guerre mondiale.

Mais ne nous leurrons pas ; il ne s'agissait pas de la troisième mais plutôt de ...millième. Car chaque agression, chaque bataille, chaque souffrance, chaque disparition, chaque mort nous touche, nous éprouve individuellement et blesse le coeur même de notre humanité.

La guerre tient lieu de bilan : " voilà où nous en sommes " semble-t-elle nous dire, " nous n'avons pas avancé d'un pas, nous sommes toujours des barbares " . Toute guerre est un échec que nous devrons porter (puisque nous sommes indéniablement unis) et qui s'inscrira inévitablement dans un passé que les génération futures regretteront probablement, comme nous regrettons tous, individuellement, les erreurs que nous avons commises.

Mais voilà, l'être humain est une curieuse bête qui aime par dessus tout se justifier et faire opportunément entrer ses bourdes dans le fourre-tout de l'Histoire. Le moment était-il donc venu d'ajouter un élément à la nomenclature déjà bien garnie de nos erreurs?

Moi, je me languis d'une humanité aimante et responsable qui saurait tirer des leçons du passé et se projeter dans l'avenir. Personne cependant ne paraît mériter une telle considération, pas même les enfants que nous mettons au monde...sans doute uniquement pour passer le temps.

girardmj@journalist.com

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dimanche, août 20, 2006

Quand la trêve entrave

Éditorial par Marie Josée Girard / AGPI Montréal
publié le 20 août 2006

Une trêve agit un peu comme un pansement : elle couvre la blessure et cache aux regards le mystère de la guérison.

Mais la blessure, dans son impatience, finit par démanger. Tout étonnés de l'inutilité soudaine d'une haine qui se voulait tenace, les protagonistes voient ressurgir le désir de se battre, et celui-ci devient parfois aussi pressant que le besoin de faire cesser une démangeaison inopportune, alors on se gratte... ou l'on repart en guerre.

Israël et le Hezbollah souffrent tous deux d'une vilaine maladie de peau - une peau de chagrin cela va sans dire - à moins que ce soit une malédiction (fréquentes panacées dans la région) qui les pousse à tenter de faire rouler indéfiniment, mais surtout inutilement, le rocher de Sysiphe de l'improbable paix tout en haut de la montagne (ce dernier leur retombant à chaque fois dessus, comme de raison).

La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, comme toutes les résolutions précédentes relatives au Liban (en particulier les résolutions 425 et 426 (1978), 520 (1982), 1559 (2004), 1655 (2006) et 1680 (2006), vient elle-aussi d'exposer à la face du monde l'étendue... de ses limites. Il est dorénavant clair que l'imposition d'une loi extrinsèque est inutile : personne n'en tient compte.

Israël et le Hezbollah ne veulent pas de la paix.

Le Hezbollah qui se gausse d'une victoire imaginaire a manifestement pris goût à la liesse populaire et aux oeuvres humanitaires découlant de ses actions terroristes, tandis qu'Israël, impatient et belliqueux, semble chercher la moindre occasion de relancer les hostilités sous prétexte de livraison d'armes par l'Iran et la Syrie.

On oublie que c'est le Liban qui a la responsablilité d'empêcher le Hezbollah de se réarmer, pas Israël. Mais cette évidence n'en semble pas une à ses yeux, aveuglé sans doute par la passivité du premier concerné, l'apparente légitimité de ses revendications territoriales mais également par la pression tentaculaire de la stratégie américaine.

Non, Israël et le Hezbollah ne veulent pas de la paix.

Leur histoire commune prenant source dans la rivalité entre Ismaël et Isaac, tous deux fils d'Abraham, semble ne jamais devoir atteindre l'épilogue qui soulagerait le reste de l'humanité : un amour fraternel durable et sincère.

Le Liban a un devoir d'unification sur son territoire, ne serait-ce que pour valider sa Constitution. Mais priver le Hezbollah de ses prérogatives dans le Sud signifierait s'aliéner l'Iran et la Syrie chiite, et équivaudrait à priver un adolescent délinquant de son argent de poche. Les parents préfèrent parfois se taire et perdre encore un peu plus de ce qu'il leur restait d'autorité et un pays ce qui lui restait de... démocratie.