dimanche, août 20, 2006

Quand la trêve entrave

Éditorial par Marie Josée Girard / AGPI Montréal
publié le 20 août 2006

Une trêve agit un peu comme un pansement : elle couvre la blessure et cache aux regards le mystère de la guérison.

Mais la blessure, dans son impatience, finit par démanger. Tout étonnés de l'inutilité soudaine d'une haine qui se voulait tenace, les protagonistes voient ressurgir le désir de se battre, et celui-ci devient parfois aussi pressant que le besoin de faire cesser une démangeaison inopportune, alors on se gratte... ou l'on repart en guerre.

Israël et le Hezbollah souffrent tous deux d'une vilaine maladie de peau - une peau de chagrin cela va sans dire - à moins que ce soit une malédiction (fréquentes panacées dans la région) qui les pousse à tenter de faire rouler indéfiniment, mais surtout inutilement, le rocher de Sysiphe de l'improbable paix tout en haut de la montagne (ce dernier leur retombant à chaque fois dessus, comme de raison).

La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, comme toutes les résolutions précédentes relatives au Liban (en particulier les résolutions 425 et 426 (1978), 520 (1982), 1559 (2004), 1655 (2006) et 1680 (2006), vient elle-aussi d'exposer à la face du monde l'étendue... de ses limites. Il est dorénavant clair que l'imposition d'une loi extrinsèque est inutile : personne n'en tient compte.

Israël et le Hezbollah ne veulent pas de la paix.

Le Hezbollah qui se gausse d'une victoire imaginaire a manifestement pris goût à la liesse populaire et aux oeuvres humanitaires découlant de ses actions terroristes, tandis qu'Israël, impatient et belliqueux, semble chercher la moindre occasion de relancer les hostilités sous prétexte de livraison d'armes par l'Iran et la Syrie.

On oublie que c'est le Liban qui a la responsablilité d'empêcher le Hezbollah de se réarmer, pas Israël. Mais cette évidence n'en semble pas une à ses yeux, aveuglé sans doute par la passivité du premier concerné, l'apparente légitimité de ses revendications territoriales mais également par la pression tentaculaire de la stratégie américaine.

Non, Israël et le Hezbollah ne veulent pas de la paix.

Leur histoire commune prenant source dans la rivalité entre Ismaël et Isaac, tous deux fils d'Abraham, semble ne jamais devoir atteindre l'épilogue qui soulagerait le reste de l'humanité : un amour fraternel durable et sincère.

Le Liban a un devoir d'unification sur son territoire, ne serait-ce que pour valider sa Constitution. Mais priver le Hezbollah de ses prérogatives dans le Sud signifierait s'aliéner l'Iran et la Syrie chiite, et équivaudrait à priver un adolescent délinquant de son argent de poche. Les parents préfèrent parfois se taire et perdre encore un peu plus de ce qu'il leur restait d'autorité et un pays ce qui lui restait de... démocratie.

mardi, août 15, 2006

Proche-Orient : quand l'ami de mon ennemi est aussi mon ami..


Par Marie J. Girard /APIF - Actupol

L'Histoire a démontré que les querelles fratricides au Proche-Orient ne se règlent pas avec la guerre, ni même avec la diplomatie. Elle s'interrompent. Mais elles ne se règlent pas, point. Car il s'agit bien de cela : une rivalité entre des frères ennemis qui n'ont jamais su et ne savent pas davantage aujourd'hui vivre ensemble.

Malheureusement, pendant cette guerre éclair les protagonistes en sont restés à la collection des allégeances.

Le Liban avait maladroitement choisi ses joueurs : un Hezbollah plus ou moins légitime - bien que parti élu - manifestement censé faire office de chien de garde au sud du Litani et protéger la frontière des prétentions israéliennes, associé à la Syrie et à l’Iran fantômes, voisins ombrageux et magasins d’armes en tous genres.

Un gouvernement ne perd le contrôle d'une partie de son pays que parce qu'il le veut bien. Mais de cela le Liban n’a pas pipé mot : peut-on en effet avouer que l’on mange à tous les râteliers?

Pour le Liban, dont la démocratie chancelante peinait à générer un consensus, l’idée du « pitbull » n’était pas mauvaise, mais pour l’Occident c’était une idée impensable et elle a eu les ratés que l’on sait.

Israël, quant à lui, avait ses buteurs : les États-Unis et la Grande-Bretagne, mais ils n’ont servi à rien et sont demeurés sur le banc. Parce que c’était la stratégie. Parce que ce n’était pas le moment.

Qui a gagné, qui a perdu ? Personne ne le sait. Mais ce n’est pas l’Iran et encore moins la Syrie, car on ne gagne pas une guerre par la porte de derrière. Et ce n’est pas Nasrallah non plus, car on ne gagne pas une guerre en se réfugiant dans une ambassade.

Paradoxalement, le Liban, en acceptant une force internationale proposée par les États-Unis et la France et en désavouant officieusement le Hezbollah, qui avait créé un « État dans l'État », est devenu l’allié des son ennemi, Israël. On retourne vite sa chemise, dans ce coin-là.

Farce risible et pathétique qui a détruit une partie d’un pays, tué des familles innocentes, fait des milliers de réfugiés qui doivent dorénavant prendre le chemin du retour vers le néant et laissé une fois de plus la communauté internationale avec un goût dans cendre dans la bouche.

mjg/ girardmj@journalist.com

mercredi, août 09, 2006

La démocratie selon Bush : exercice... imposé ou colonialisme déguisé?


Éditorial par Marie J. Girard

publié par AAPI /Montréal

Résumé de l'article
La "démocratie en marche" de Bush : une démocratie forcée de style nord-américain qui s'inscrit dans un redoutable plan dichotomique destiné à s'allier définitivement ses "ennemis" naturels ou, paradoxalement, l'ultime moyen de pacification du Proche-Orient et ce en cautionnant implicitement la guerre ?
Le président Bush et Condoleezza Rice ont une stratégie ; de cela on se doutait un peu.
Ce dont personne n’était certain - ambiguïté dorénavant levée lors de leur dernière conférence de presse - c’est que Bush et Condi veulent étendre leur conception de la démocratie à n'importe quel prix : au prix de vies innocentes ; au prix du refus ou de l’indignation des destinataires d’une si noble intention; au prix même de l’honnêteté et de la transparence, combien glorifiées mais toujours si habilement sacrifiées.
Le président Bush et la secrétaire d'État Rice, héros bicéphale d’une fable d'un nouveau genre, tels le yin et le yang, mènent une nouvelle croisade. Leur religion, qui fait pourtant l’apologie de la liberté et des droits individuels n’a ici plus rien de chrétien : c’est la religion de la « démocratie imposée ». Une démocratie de conquête qui s’apparente davantage à un « colonialisme déguisé » … mais en plus pervers.
La démocratie par essence, implique non seulement la participation universelle, le consentement des individus gouvernés et l'imputabilité publique des élus, elle sous-entend en outre une capacité de libre détermination.


A cet égard, il ne faut pas oublier que bien que doté d'une constitution, la véritable assise constitutionnelle du Liban demeure la religion et les nombreux partis qui le composent, d'où la "légitimité" du Hezbollah. Le type de démocratie pratiqué au Liban n'est en rien comparable à celui des États-Unis. D'ailleurs, comme l’a fait justement remarquer le président Bush lors de sa dernière conférence de presse, le Hezbollah est un parti élu au Parlement libanais.
On se demande alors en vertu de quel principe constitutionnel les États-Unis peuvent inciter le Liban à reprendre le contrôle de son territoire et mieux asseoir son autorité dans le Sud, sachant que ce même parlement a sans doute cautionné sinon toléré les agissements du Hezbollah? Cela équivaudrait au mieux à propulser le Liban dans une guerre civile entre factions divergentes.

Mais peut-être est-ce justement le but recherché. Un Liban en guerre civile relâcherait ostensiblement l'étau sur Israël et justifierait la force pacificatrice internationale.
Sans doute qu'auparavant, le Liban désirait ménager l’Iran et la Syrie. Mais maintenant que le sud du pays est à feu et à sang, la donne a mystérieusement changé et le Liban semble tenté de remettre à l'ordre du jour la pratique d'une réelle démocratie, de celle où l’on tient compte des désirs de paix de la population, et repousser Nasrallah (déjà opportunément retranché à l'ambassade d'Iran de Beyrouth) et ses troupes à la limite de la légalité constitutionnelle.


La manoeuvre d’implantation "démocratique" du gouvernement Bush, dont il a donné quelques exemples édifiants en Irak et en Afghanistan a manifestement pour but l’élargissement du nombre d’alliés des États-Unis. De là à croire que son action "silencieuse" au Liban, point stratégique dans la région, sous le couvert des résolutions présentées à L’ONU conjointement avec la France, était préméditée, il n’y a qu’un pas.
Le Liban, qui a eu le bon sens de refuser a dû choisir entre son autonomie et la fin des souffrances de son peuple. En disant vouloir déployer 15 000 soldats à la frontière, il envoie pourtant un message clair tant à Israël qu’au Hezbollah. En espérant que ce regain de confiance et d’énergie, aussi désespéré qu’il puisse paraître, apporte les résultats escomptés : la fin de ce carnage inutile.
Nous savons dorénavant qui sera le prochain bénéficiaire des faveurs américaines: Cuba. Mais les Cubains, fatigués par cinquante ans de privations et assoiffés de démocratie sauront-il résister à une offre d'amitié aussi tentaculaire… pas sûr.

/mjg girardmj@journalist.com


dimanche, août 06, 2006

Israël-Liban : dorénavant une "affaire de famille" ou le plan stratégique des États-Unis et de la Grande-Bretagne?

par Marie J. Girard /AAPI - Actupol

Résumé de l'article

Malheureusement, Israël semble déterminé à tenir ferme, et les mâchoires de Tsahal ne sont pas pas prêt de se desserrer. Entêtement ou logique implacable d'une coalition favorisant la politique du "rouleau compresseur" et ce malgré la surprenante résistance de la milice du Hezbollah? Colère, orgueil, impulsivité ou stratégie mûrement réfléchie et exécutant à la perfection un plan prévu de longue date, dont les États-Unis et la Grande-Bretagne sont les instigateurs?

Deux options se présentent dorénavant à nous : hier, il s’agissait d’un complot orchestré par les États-Unis, aujourd’hui, il s’agit ni plus ni moins que d’une "affaire de famille" où Israël veut "en finir" avec le terrorisme du Hezbollah. L'une position n'excluant pas l'autre, on souhaiterait toutefois que les protagonistes eux-mêmes nous éclairent sur leurs intentions réelles autrement que par la retenue et les commentaires sybillins de Condoleezza Rice et nous extirpent définitivement de la position inconfortable que représente la simple spéculation.

Selon la première option, Israël dont l’agacement, l’épuisement et la colère semblent être venus à bout de ce qui leur restait de patience a décidé de sévir et de ne plus « lâcher le morceau » quoi qu’il advienne. Attitude dangereuse, s’il en est, lorsque le bon sens, relégué aux oubliettes, laisse place à une flambée d’émotions incontrôlables.

La colère n’étant jamais bonne conseillère ; rappelons-nous que c’est en partie parce que le Traité de Versailles mettait les Allemands en colère depuis près de vingt ans (traité établissant, entre autres, outre le nouveau partage du territoire des mesures "punitives" à l'encontre de l'Allemagne consécutives à la Première Guerre mondiale) que ces derniers se sont laissés convaincre et que la Deuxième Guerre mondiale a pu représenter - inconsciemment ou non pour eux, une option valable (je ne voudrais en aucun cas comparer les persécutés de jadis à leurs persécuteurs, sachant toutefois que la colère, comme l'alcool, a de vertus hautement égalisatrices...).

Ce serait donc ainsi - fruit tardif d’une tergiversation et d’une complaisance trop longtemps pratiquées - que naîtrait la détermination extrême qui donne lieu aux plus grandes victoires mais également aux plus grands échecs? Cette détermination, sinon cet entêtement - que l’on doit malheureusement associer le plus souvent à l’orgueil - les États-Unis nous en font encore la démonstration en Afghanistan et en Irak, et ce serait maintenant au tour d'Israël d'avoir des coups de sang?

Israël a plus au moins joué "au chat et à la souris" avec le Hezbollah. Pendant ce temps, les souris, astucieuses engrangeaient du fromage militaire et appelaient en renfort les ... rats des champs ses voisins qui, loin de donner dans le bucolique, aiment cependant passionnément les fourrés.

Fable ou scénario plausible?... mais qui ne colle pas vraiment, car tout cela sent le "complot" américain à des kilomètres ; l'oeuvre inachevée des "chantres de la démocratie". En effet, la vérité étant plus volatile, plus poreuse et par conséquent moins dense que le mensonge, elle devient éminement plus perceptible avec le temps quoi que les "comploteurs" puissent tenter pour la dissimuler.

La seconde option, celle d'un plan finement ciselé, semble donc être la seule valable, et ce par respect pour l'intelligence des Israéliens, que je ne voudrais pas moindre que celle des Américains. En effet, j'ose croire que c'est dans un but honorable qu'Israël a conclu avec ces derniers une entente tacite permettant de réellement envisager, après la guerre et leur action contre le Hezbollah, une amélioration des relations avec les Palestiniens mais aussi avec leurs belliqueux voisins, mais le fait de l'écrire me donne la nausée car nous savons, vous et moi, que ce n'est pas vrai et que la guerre n'a jamais de conséquences heureuses.

Qu'ont à craindre les Arabes dans la poursuite de leurs relations avec les Israéliens? Davantage de ressentiment, sans doute, malgré l’apparente légitimité de leur action. Dans une guerre comme dans la vie, l'on ne peut en tirer et l'on a à craindre que ce que l'on y met. L'avenir seul dira qui saura finalement faire preuve de sagesse...

Voici que je regarde ce monde « d"en haut » ; voici que j’atteins la plus parfaite objectivité et que ma vision embrasse les causes et les conséquence ; voici que j’en perçois les faiblesses, les motivations et les désirs ; voici que ce qui m'’interpelle et que ce qui me choque, c’est qu’il n’y a ni fraternité, ni amitié, ni amour et que tous sont seuls et cela me fait peine, car ce monde est leur monde, cette planète, leur planète et que tout ce qu’on y voit c’est que la haine y règne sans partage, depuis toujours...

/mjg girardmj@journalist.com

jeudi, août 03, 2006

Pourquoi les États-Unis ne bougeront pas

Éditorial par Marie-Josée Girard, publié à Montréal /AAPI

Résumé de l'article

Israël semble être au coeur d'une manipulation bien orchestrée mais souffrir également du syndrome de
la grenouille qui veut être aussi grosse que le boeuf...
Sachant que la liberté de décision est inhérente à la souveraîneté et à l'autonomie constitutionnelles, on pourrait se demander si Israël agit de sa propre initiative ou est victime de pressions extérieures. Les USA, qui peuvent parfois être de faux-amis, ont-ils poussé l'un devant l'autre, sur l'échiquier international, les derniers pions permettant de concrétiser l'étape finale d'une "stratégie globale de chaos" habilement ficelée, et visant à déstabiliser intentionnellement la région? C'est à voir...

Les États-Unis ne bougeront pas pour deux raisons. La première - la bavure irakienne - épuise la Réserve fédérale ; la seconde : parce que cela les arrange et que ça fait partie de leur plan.

Mettons-nous un instant à la place de Bush et de Condoleezza Rice qui, tous deux chrétiens "born again" fondamentalistes, analysent la situation internationale à la lumière, sinon sous l'éclairage blafârd et fataliste de la " fin des temps". A ce jour, les forces obscures ne peuvent inévitablement être, à leurs yeux, que non-chrétiennes. Peut-être croient-ils en effet, bien qu'ils aient toujours appuyé Israël, de leur devoir de favoriser, à l'aide de quelque stratégie de diversion mais également de division, l'avènement de l'ère apocalyptique! Mais ce n'est pas drôle.

Si j'étais un fin stratège comme l'a été Churchill, c'est une hypothèse que je n'aurais pas négligée dans l'économie complexe et imprévisible de la gestion "pacifique" du monde, puisqu'il apparaît évident que la seule parade possible et la seule issue praticable à la redoutable question arabe du Proche et Moyen-Orient - nations qui pourraient malencontreusement décider de s'approprier l'adage "l'union fait la force" - réside dans le "diviser pour régner". Mais un tel stratège existe-t-il à la Maison Blanche? Sans aucun doute.

De là à croire que le gouvernement Bush a opté pour cette stratégie, il n'y a qu'un pas. D'ailleurs, même si un cessez-le-feu intervenait sous peu, le mal serait fait : la guerre éclair aura mis en exergue, soit, des adhésions de dernière minute, mais surtout l'absence d'une réelle solidarité des pays arabes dans la région.

On pourrait aussi croire Israël en pleine crise d'identité. De vous à moi, il aurait parfaitement raison. Rappelons-nous qu'en 1945, seulement 600 000 Juifs habitaient en Palestine contre 1 200 000 Arabes. Cette réalité historique, bien que hautement inconfortable quand on y pense, ne peut avoir échappé à ses géniteurs. Malheureusement, lorsque (à l'instar de nombreux pays nés "sur papier" ) nos père et mère sont une lettre et une résolution de l'Assemblée générale des Nations-Unies (la déclaration de Balfour de 1917 et le plan de partage de la Palestine du 29 novembre 1947) on ne peut s'attendre ni à une grande stabilité ni espérer tabler sur le sentiment de sécurité optimal que lui aurait autrement conféré la filiation historique.

Pourtant cette filiation existe - dans la Torah et la Bible notamment - et le sionisme s'appuie incontestablement sur cet héritage pour valider ses prétentions (Dieu ayant donné à la postérité d'Abraham la terre de Canaan). Dans ce cas, la bonne foi commande de procéder au partage avec justice - les Juifs étant fils légitimes par Isaac et le Arabes fils illégitimes par Ismaël - chacun devrait pouvoir recevoir la part qui lui revient, au pro rata disons...

Si le calcul pose ou a posé problème c'est que n' a pas été prise en compte l'une ou l'autre des prétentions respectives.

Car cette bataille testamentaire qui perdure depuis des millénaires finit par fatiguer.

Je suis allée en Israël et sa réalité matérielle et constitutionnelle est indéniable, pourtant, il me reste sur l'estomac le sentiment persistant de la prédominance de l'aspect volitionnel de son existence sur cette véritable "légitimité historique". Comme si on avait, finalement, un peu forcé les choses. Peut-être les Israéliens partagent-ils, au fond, mon sentiment ...

Il est clair que la création d'Israël, suite à l'Holocauste et à la constatation horrifiée de la souffrance mais également d'une forme de passivité, de silence et d'assentiment culpabilisants, s'inscrivait comme la solution permettant de mettre un terme à la diaspora juive qui perdurait depuis si longtemps. Ce qui m'indispose, c'est le caractère d'inéluctabilité, le "quoi qu'il advienne" de l'action internationale qui a voulu asseoir un pays sur des bases déjà instables, sans toutefois prévoir les conséquences à long terme de cette décision sur la région et sur le monde.

Aujourd'hui, les suites désastreuses de cette imprévoyance se manifestent de nouveau. Ce qui a changé c'est qu'une coalition existe qui incite un petit pays (la " grenouille " de la fable - pardonnez-moi cette comparaison animalesque qui ne fait référence, vous vous en doutez bien, uniquement à la taille des protagonistes) à périodiquement tenter de se prendre pour un boeuf (arsenal nucléaire et armée puissante aidant, évidemment).

Sinon, comment une si petite nation - si petite que l'on y a ses voisins à vue d'oeil - oserait-elle de nouveau s'en prendre à ses ennemis héréditaires (82% de la population appuie l'offensive et 71% souhaite une intensification des frappes) si on ne lui faisait miroiter un quelconque gain territorial ou une victoire d'honneur sur la scène internationale à l'issue de l'offensive? Car il ne faut pas se leurrer ; ce n'est que poussé à l'action par des alliés belliqueux et déterminés qu'Israël a pu décider de réagir de manière si ouvertement disproportionnée.

Les USA et la Grande-Bretagne, invariablement étourdis par l'éventualité d'un contrôle total et définitif sur la région ne semblent pas le moins du monde gênés par cette odieuse manipulation, si tant est qu'elle existe, mais dont ils donnent des signes de plus en plus révélateurs.

Ils semblent oublier que la susceptibilité arabe a des limites et que pour ceux qui vivent selon les préceptes du Coran, l'au-delà a infiniment plus de prix que la comédie souvent pathétique que nous appelons pompeusement "la vie" et que nous défendons avec véhémence. Surtout quand la guerre que l'on prône inlassablement fait plutôt référence à une culture de mort, belle incohérence!

Mais heureusement les pays arabes ne bougeront pas non plus. Justement parce qu'ils sont divisés (politique stratégique manifestement adoptée par les USA et destinée à les affaiblir - Afghanistan, Irak - alliée à une culture de l'amitié et des intérêts communs avec d'autres - Koweit, Émirats) et que cette division, atteignant son but, finit par les fatiguer eux aussi.

Reste la Syrie ou l'Iran chiite - dont l'énergie et la combativité ne sont pas hypothéqués - qui pourraient l'un et l'autre prendre la mouche...

Il m'est douloureux de penser que quelques-uns décident pour tous et nous entraînent dans une écriture de l'Histoire qui ne sert que leurs propres intérêts. Manifestement, la politique de l'objectivité et du désintéressement n'est pas pour demain...dommage.

Marie J. GIRARD girardmj@journalist.com

mercredi, août 02, 2006

Quand Cuba s'éveillera, les États-Unis...se réjouiront!


Éditorial par Marie- J. Girard
Publié à Montréal /AAPI

Résumé de l'article

Fidel Castro malade, cela ne peut être une fois de plus une parade ; l'homme n'est pas immortel. Il faudra bien qu'il laisse sa place. C'est la fin d'une époque pour Cuba car son frère Raul ne fera sans doute pas long feu non plus. Quoi donc? Une démocratie? Une utopie? (le prochain état américain...). En tout cas une libération pour un peuple qui a tout à apprendre, mais surtout la liberté...

Permettez-moi de paraphraser Roger Peyrefitte et son célèbre Quand la Chine s'éveillera..., sauf que dans ce cas de figure ce ne sera pas " le monde tremblera" ; en effet, contrairement à la sombre prédiction précitée, le monde et les USA en particulier ne pourront que se réjouir.

Ainsi, on pourrait croire qu'après un demi-siècle de régime castristre les Cubains ne seraient que trop heureux de se débarrasser de leur " Leder maximo ", et bien non, du moins en apparence. Et cela relève de la psychologie la plus élémentaire.

A l'instar de Patricia Hearst qui avait pris le parti de ses ravisseurs dont dépendait sa survie, les Cubains souffrent en bloc du Syndrome de Stockholm selon lequel une victime finit par s'identifier à son persécuteur ou à son ravisseur. La manipulation individuelle ou de masse a cela de curieux qu'elle sait habilement allier le bon et le mauvais, la vérité et le mensonge. Castro a, paraît-il, amélioré les soins de santé et éradiqué l'analphabétisme mais au prix des libertés individuelles. Cela leur prendra manifestement quelques mois ou quelques années - c'est selon - pour sortir de leur confusion et se rendre compte qu'ils sont dorénavant libres.

Il ne faut pas être sorcier pour comprendre qu'isolés sur leur petite île des Caraïbes, les Cubains n'ont eu d'autres choix qu'en prendre leur parti et essayer de "transcender" la situation, cette transcendance se manifestant malheureusement pour la majorité, non pas par la recherche d'un sens spirituel sans doute culpabilisant à une situation présentant, dans l'absolu, un caractère manifestement "punitif" (qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu pour mériter ça...) mais à contrario par le choix de la lassitude et du désespoir : soit la corruption, le commerce illicite et la prostitution.

Les Cubains sont sans doute les gens les plus créatifs et économes de la terre. La "nécessité étant mère de l'invention", le monde entier a été à même de constater avec perplexité que cette dernière au moins ne leur faisait pas défaut.

Mais que dire de l'exemple paradoxal que cette petite île donne par ailleurs: sujet d'étude sur l'échec d'un communisme dépassé soutenu par un dictateur orgueilleux sans doute plus férocement attaché à son pouvoir qu'à l'idéologie qui l'a vu naître et haut lieu d'un tourisme de masse - dont le tourisme sexuel - n'ayant rien à envier, commercialement parlant, aux destinations les plus courues.

L'avenir de Cuba est simple. Les USA qui n'ont quand même pas les deux pieds dans le même sabot ne laisseront pas passer une occasion qu'ils attendaient depuis longtemps : soit instaurer une démocratie qu'ils n'auront aucune peine à contrôler ; soit s'offrir sans trop d'efforts un état supplémentaire (scénario hypothétique à long terme sans doute présent dans bien des esprits) à l'aide d'un référendum habilement présenté, la bénédiction des dissidents déjà sur leur territoire et celle d'une population ayant retrouvé ses esprits et fortement appâtée par tous les avantages de la situation.

La seule question en suspend c'est "quand" et surtout "comment", mais cela relève dorénavant du pur accessoire...

Marie J. Girard girardmj@journalist.com